L’Afrique du Sud a organisé, le 25 mars, une conférence de solidarité avec le peuple sahraoui qui, pour Pretoria, continue de lutter pour sa souveraineté nationale et internationale.
La conférence a réuni les pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et quelques pays observateurs comme le Cuba ou le Venezuela.
« On ne peut parler d’Afrique postcoloniale si le Sahara occidental est toujours occupé par le Maroc », a affirmé la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Lindiwe Sisulu.
« Nous sommes ici pour une cause juste. Et nous notons avec tristesse que le peuple sahraoui lutte toujours pour ses droits. Bien que l’ONU joue un rôle actif dans la résolution de ce problème, nous, membres de la SADC, avons décidé d’être solidaire dans leurs efforts », a-t-elle ajouté.
L’Afrique du Sud, le Zimbabwe ou l’Angola ont toujours affiché un soutien à la cause sahraouie, en raison des liens historiques entre leurs mouvements indépendantistes. Pretoria espère rallier l’ensemble de la région australe dans un soutien commun à l’indépendance du Sahara occidental et appelle à mettre fin à l’exploitation « illégale » des ressources naturelles du « territoire occupé ».
L’offensive diplomatique de l’Afrique du Sud intervient alors que le mandat de la mission des Nations unies au Sahara occidental, qui garantit un cessez-le-feu dans la région, arrive à échéance et que l’administration américaine s’est opposée à son renouvellement pour un an.
Le Maroc réunit ses amis à Marrakech…
De son côté, le Maroc a organisé, en guise de riposte, sa propre réunion diplomatique avec le soutien d’une trentaine de pays africains à Marrakech. Le soutien à ce pays s’est prononcé contre toute « interférence » dans le processus onusien actuellement en cours. Le Maroc, qui a réintégré l'Union africaine (UA) en janvier 2017, s'est efforcé depuis de neutraliser toute tentative de règlement de la question sahraouie au niveau de cette organisation.
Des discussions entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario ont repris, il y a quelques mois, sous l’égide des Nations unies, après six années d’interruption. Le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Kohler, s'efforce depuis plusieurs mois de relancer le processus de discussion, après plusieurs années de blocage. Mais « de nombreuses positions divergent toujours fondamentalement », a-t-il expliqué, le 22 mars, à l'issue d'une deuxième table ronde à Genève.
La déclaration finale adoptée par trente-sept pays à Marrakech rappelle « l'exclusivité des Nations unies en tant que cadre de recherche d'une solution politique, mutuellement acceptable, réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara ».
Les conférences de Marrakech et de Pretoria reflètent la ligne de fracture qui partage le continent. Pour le Maroc, la « solution réaliste et pragmatique » correspond au statut d'autonomie sous contrôle marocain. Ainsi veut-il poursuivre les négociations sous l’égide des Nations unies. Pour les indépendantistes du Front Polisario, la solution « juste » fait référence au référendum qu'ils réclament pour obtenir l'indépendance de cette étendue désertique de 266 000 km².
Rappelons que le Front Polisario lutte depuis 1975 pour l’indépendance du Sahara occidental, revendiqué par le Maroc. Mais aucune solution n'est encore en vue.