Le chef de l’Eglise catholique romaine est attendu du 30 au 31 mars en terre marocaine, à l'invitation du roi Mohammed VI, pour son premier déplacement officiel dans le pays.
Au programme de la visite papale, une rencontre avec le souverain marocain, mais aussi avec des représentants de la société civile, du corps diplomatique et avec des migrants, au siège de l'organisation Caritas.
Auparavant, des rumeurs annonçaient le pape François à Marrakech où il devrait assister à l’adoption d’un nouveau pacte mondial sur les migrations établi par les Nations unies. Mais c’est finalement à Rabat et à Casablanca que le souverain pontife posera ses valises.
Au Maroc, porte d’entrée de nombreuses migrations subsahariennes, le pape articulera probablement ses échanges autour de la solidarité avec ces candidats à l’aventure, comme il l’a toujours prôné face à la communauté internationale.
Par ailleurs, pour les quelque trente mille fidèles catholiques du Maroc, selon les estimations, le pape tentera de plaider la liberté de religion et le vivre ensemble. En effet, bien que la Constitution marocaine de 2011 garantisse le libre exercice des cultes, certaines poches de résistance persistent, notamment en ce qui concerne les Marocains musulmans qui se convertissent au catholicisme. Des rapports font du reste état d’arrestations pour pratique d’une religion autre que l’islam. Malgré tout, le royaume chérifien se veut le promoteur d’un islam ouvert et modéré. En témoigne l’accueil par Marrakech d’une conférence sur les minorités religieuses, en début d’année. Mais également, la nomination, en août dernier, d’un ambassadeur marocain au Vatican, la juriste et théologienne Raja Naji Mekkaoui.
La communauté chrétienne appelle à la liberté de culte
Avant l’arrivée du pape François au Maroc, des chrétiens du pays ont lancé un appel aux autorités, afin qu'elles garantissent à tous la liberté de culte. Cette communauté reste ultra-minoritaire dans un pays où l'islam est la religion officielle.
Au Maroc, la Constitution de 2011 garantit la liberté de culte. Or, cette « pluralité » mise en avant, ainsi que l'image de tolérance religieuse affichée, notamment vis-à-vis des chrétiens convertis, est contredite dans les faits, d'après la coordination des chrétiens marocains.
"Nous renouvelons l'expression de nos aspirations aux libertés de base dont nous, chrétiens marocains, sommes encore souvent privés", a écrit dans un communiqué cette association, qui représente les musulmans marocains s'étant convertis au christianisme.
Ces croyants sont "quelques milliers, pour la plupart protestants", d'après la coordination. De son côté, l'Observatoire des libertés religieuses estime qu'ils sont huit mille sur le territoire marocain. Outre son appel au respect de la liberté de culte, la coordination demande aussi aux autorités marocaines de ne plus faire subir des pressions aux Eglises officielles du pays, dont l'Eglise catholique, dans le but de les dissuader d'accueillir ceux qui choisissent la voie du christianisme.
Ce séjour papal sera "placé sous le signe du développement du dialogue inter-religieux", ont fait savoir les autorités marocaines. L'Association marocaine de défense des droits des minorités religieuses a, quant à elle, appelé le chef de l'Etat du Vatican lui-même, " à évoquer avec les responsables marocains, certaines violations visant des chrétiens". Son communiqué fait état de cas survenus en 2018.
Des chrétiens du Maroc s'étaient plaints au pape François, dans une lettre accusant le ministère de l'Intérieur de "persécuter les chrétiens" notamment en "procédant à des arrestations abusives". De nombreux témoignages de convertis font état de la répression, du rejet et des insultes qu'ils subissent. Ils n'ont alors d'autre choix que de vivre leur culte dans la clandestinité. Les minorités religieuses représentent moins de 1% de la population du royaume, majoritairement musulmane sunnite de rite malékite.
Le pape François a plusieurs voyages à l'étude pour cette année, bien que celui du Maroc soit le premier à être confirmé. Toutefois, le chef de l'Église catholique romaine est attendu en début septembre au Mozambique, à Madagascar et à l’île Maurice, un déplacement placé sous le signe de la paix. Son déplacement au Mozambique prendra une tonalité particulière après le passage dévastateur du cyclone Idai en Afrique australe, il y a deux semaines.