Le général Frédéric Blachon, commandant de la force française antidjihadiste, a indiqué, le 2 avril, que le centre sorti de terre à Gossi va permettre à ses soldats de prendre pied dans la zone aride du Gourma.
« Le moment est venu d’étendre notre zone de responsabilité à d’autres zones qui servent de sanctuaires aux groupes armés terroristes. Nous avons choisi de nous étendre dans le Gourma, une zone contigüe, qui, comme le Liptako, est une zone frontière, cette fois avec le Burkina Faso. Ces zones frontalières sont les endroits les plus recherchés par les terroristes pour trouver refuge et mener leurs actions », a fait savoir le commandant de la force Barkhane.
Pour le capitaine François, commandant de la nouvelle emprise française, la base de Gossi, posée au beau milieu d’une savane chauffée à blanc, « sera la base d’assaut pour les opérations dans le Gourma, où la menace est présente localement ». « Avant, on a mis les pieds dans la région et on est ressorti. Là, on plante le drapeau et on y reste », a renchéri un haut gradé français.
Localisée à 150 km à l’ouest de Gao (nord), où se situe le quartier général de Barkhane au Mali, cette ancienne base de la Mission de l’ONU, la Minusma, est idéalement placée pour rayonner dans la région, font valoir les militaires. Située sur la RN 16, l’axe routier Bamako-Gao, la ville est un carrefour économique qui accueille chaque semaine un grand marché au bétail.
Depuis mi-janvier, les équipes de Barkhane s’emploient à aménager le terrain de latérite, qui devra pouvoir accueillir jusqu’à plusieurs centaines de soldats. La force française a d’ores et déjà commencé à s’afficher dans la ville de quarante-cinq mille habitants bordée par un lac aux eaux beiges, afin d’acclimater les habitants à sa présence.
« L’objectif, c’est de permettre à la population de circuler normalement tout en poursuivant notre lutte antiterroriste, et empêcher les groupes armés terroristes de se ravitailler », a expliqué le lieutenant Gauthier en remontant à pied, avec ses hommes, la rue commerçante de Gossi bordée de petits étals faits de bois et de paille. « Avant c’était infesté de coupeurs de route, fait valoir le jeune officier. Les pilleurs se postaient à une vingtaine de km de la ville et rackettaient. Mais depuis quelques semaines, la population a plus de facilités à circuler, l’activité est relancée. Depuis que Barkhane est là, les Fama (Forces armées maliennes) reprennent confiance et retournent sur le terrain », a-t-il assuré.
« Avec l’insécurité, les clients ont peur d’avoir des sommes d’argent sur eux », a confié Alassane Maïga, cordonnier désœuvré dans sa modeste échoppe. « La présence de Barkhane nous soulage », a-t-il avoué.
Pour faire accepter les militaires français dans le paysage et gagner la confiance, Barkhane a lancé des opérations civilo-militaires (Cimic) d’aide à la population dans plusieurs quartiers de Gossi.
« Depuis notre arrivée on a mis l’accent sur l’eau, l’éducation et l’emploi. Le désœuvrement est un terrain fertile pour le banditisime », a souligné l’adjudant Pierre, chef Cimic de Barkhane dans la localité. Mais gagner les cœurs et les esprits risque de prendre du temps. « A Gossi, on sent les connivences de la population », voire des complicités, avec des groupes armés, qui se nourrissent de « liens familiaux importants », a prévenu un haut responsable de Barkhane.