Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme : plaidoyer pour la formation et la prise en charge

Mardi, Avril 2, 2019 - 19:52

L’ambassade de France, en collaboration avec le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation, a organisé, le 2 avril, une table ronde d’échange pour édifier le public sur l’autisme, et faire le point sur ce trouble du développement, désigné également sous les termes de troubles du spectre autistique.

 

Les échanges dirigés par l’ambassadeur de France au Congo, Bertrand Cochery, ont donné l’occasion aux praticiens,  médecins, psychologues, neurologues et autres experts de présenter la particularité de l’autisme en milieu scolaire. Ils ont mis l’accent sur l’importance d’avoir des technologies d’assistance abordables, pour aider les personnes atteintes d’autisme à vivre en toute indépendance et à exercer leurs droits fondamentaux.

« Tous les troubles de comportement et de développement suscitent de l’inquiétude et de la peur. Il faut soutenir les initiatives. Plutôt on détecte, moins lourde sera la prise en charge et efficace sera l’accompagnement, en associant la famille », a déclaré l’ambassadeur.

Dans le domaine de la prise en charge, le diplomate français pense que l’Etat ne pouvant pas tout faire devait plutôt « agir avec les partenaires privés, en les encourageant, les écoutant, et bâtir avec eux une chaîne de solidarité et de responsabilité ». Parmi ces partenaires, il a  cité les ambassades accréditées au Congo.

Pour sa part, le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation, Anatole Collinet Makosso, a plaidé pour la réouverture de la filière en charge de la formation des enseignants spécialisés. Il a, en outre, rappelé que la filière de formation des enseignants spécialisés de déficients auditifs, ouverte à l’époque à l’Université Marien-Ngouabi, a cessé de donner ses enseignements ou sa formation depuis 1990.

« Le Conseil de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation, tenu en septembre 2016, avait recommandé la réouverture de cette filière, et, nous travaillons avec mon collègue de l’Enseignement supérieur pour la réouverture de la filière en charge de la formation des enseignants spécialisés sur deux de ces handicaps, particulièrement celui des déficients auditifs », a annoncé le ministre.

Des défis à relever…

L’engagement du ministère, a-t-il ajouté, est de faire en sorte qu’aucune discrimination ne soit admise pour favoriser l’intégration, dans les classes ordinaires, des enfants quel que soit leur handicap. « Cela se fait pour une prise en charge totale de tous les enfants, sans discrimination, particulièrement ceux présentant des déficiences et pour ces derniers, leur prise en charge est assurée par le biais de l’éducation informelle et plus particulièrement de l’enseignement spécialisé », a-t-il assuré.

Toutefois, le ministre a exprimé sa reconnaissance pour le travail effectué par des écoles comme l’Institut psychopédagogique de Brazzaville, l’Institut des jeunes sourds, l’Ecole spécialisée, l’Institut des aveugles de Mantsinmou, Handicap Afrique, l’Institut des déficients auditifs de Pointe-Noire, l’école sœur Martin de Brazzaville, etc.

Selon Anatole Collinet Makosso, le défi consiste à considérer à part entière ces enfants qui devaient avoir leur place dans le système formel de formation. Certes, le Congo n’y est pas encore arrivé, a-t-il reconnu, mais le pays s’emploie pour que cela se fasse. Pour lui, « le système éducatif non formel est mis en exergue pour engager une lutte efficiente contre les souffrances qu’endurent tous les enfants autistes dont les solutions s’avèrent aujourd’hui assez approximatives dans notre pays ».

Le ministre a cité, entre autres raisons, le manque du personnel qualifié, d’énormes difficultés de pratique médico-pédago-psychologique, la méconnaissance de l’autisme conduisant très souvent au rejet, au divorce dans des familles, au déchirement jusqu’à la mystification du phénomène.

L’autisme, selon les médecins, est une spécificité neuro-développementale qui provient d’un développement différent du cerveau du fœtus durant la grossesse. Célébrée le 2 avril de chaque année, la Journée mondiale de l’autisme est l’occasion de rappeler qu’il reste encore beaucoup de combats à mener pour aboutir à une égalité réelle des droits.

Yvette Reine Nzaba
Légendes et crédits photo : 
-Bertrand Cochery conduisant l'échange / Adiac -Une vue du public/ Adiac
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