L’Armée nationale libyenne (ANL) de l’actuel homme fort de l’est du pays, a annoncé, le 3 avril, qu’elle préparait une opération pour « purger l’ouest » de la Libye, dont Tripoli la capitale.
Lors d’une conférence de presse à Benghazi (est), le général Ahmad al-Mesmari a affirmé que « les préparatifs de l’opération étaient sur le point de s’achever ».
« Sur ordre » du maréchal Khalifa Haftar, « plusieurs unités militaires s’étaient dirigées vers la région ouest pour la nettoyer de ce qu’il reste des groupes terroristes », avait plus tôt indiqué le bureau média de l’ANL via Facebook. Le texte y relatif est accompagné d’une vidéo où l’on peut voir une colonne de dizaines de véhicules militaires circulant sur une route, mais il n’était pas possible dans l’immédiat de vérifier leur destination.
Réagissant à ces menaces, le Premier ministre du Gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, a dénoncé, dans un communiqué, une « escalade » et des déclarations « provocatrices ». Le chef de l’exécutif a appelé ses rivaux, sans les nommer, à « arrêter le langage de la menace », les invitant à faire preuve « de sagesse et de raison ».
Il a, par ailleurs, indiqué avoir ordonné aux forces pro-GNA de se tenir prêtes pour « faire face à toute menace (...) que ce soit des groupes terroristes, criminels, hors la loi et tout ce qui met en péril la sécurité de toute ville libyenne ».
L’ANL a annoncé l’offensive dans la partie ouest du pays alors que deux autorités se disputent toujours le pouvoir sur place : le gouvernement reconnu par la communauté internationale, établi fin 2015 en vertu d’un accord parrainé par l’ONU et basé à Tripoli, et une autorité rivale installée dans l’est, et contrôlée par l’homme fort de la région. Quant à « l’escalade » annoncée par l’ANL, elle intervient à quelques jours de la tenue d’une Conférence nationale sous l’égide de l’ONU (14-16 avril), appelée à dresser une « feuille de route » à même de sortir le pays du chaos.
« Les Libyens y voient une lueur d’espoir et une sortie de crise, une occasion pour unifier les institutions et un chemin vers des élections », a dit le Premier ministre, mettant en garde ses rivaux « qui, avec leur discours, œuvrent à saper » tout le processus.
Ce n’est pas pour la première fois que le maréchal Khalifa Haftar annonce son intention d’attaquer Tripoli et toute la partie ouest de la Libye. Il avait déjà, à plusieurs reprises, exprimé son souhait de marcher sur la capitale, sans toutefois passer à l’acte.
En janvier dernier, par exemple, il avait annoncé une opération militaire dans le sud-ouest désertique du pays visant, selon lui, à y éliminer les « groupes terroristes et criminels ». Malgré ces menaces, des analystes estiment que l’ANL ne dispose pas de la force suffisante pour avancer dans l’ouest, avec en face de puissants groupes armés qui lui sont hostiles, en particulier ceux de Misrata.
Notons que les forces du maréchal Haftar, qui disposent déjà de soutiens dans le sud, se sont emparées sans combats de la ville de Sebha (centre), ainsi que d’un important champ pétrolier plus au sud.