Les économies des pays africains sont restées fragiles, avec un taux de croissance globalement inférieur à 3%. Dans son récent rapport Africa’s Pulse, publié le 8 avril, la Banque mondiale (BM) a invité les dirigeants à faciliter la pénétration du numérique et à en assurer une meilleure règlementation.
Le taux de croissance du continent a été revu à la baisse de 3,3% à 2,8% cette année, contre 2,3% en 2018, 2,5 en 2017. Le rapport Africa’s Pulse est une enquête réalisée par le bureau de l’économiste en chef de la BM pour l’Afrique et présente semestriellement les perspectives macroéconomiques à court terme du continent.
Dans les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), dont la République du Congo, les résultats des réformes engagées commencent à se faire sentir. À en croire l'économiste en chef de la BM pour l’Afrique, Albert Zeufack, la dette et la fragilité continuent de freiner la croissance dans la sous-région. Il souligne qu’au-delà de l’alourdissement de l’endettement, le problème est lié aux caractéristiques de la dette et aux vulnérabilités qu’elle génère.
L’accès à internet haut débit, selon lui, changera véritablement la donne en Afrique. « La transformation numérique peut apporter à l’Afrique subsaharienne une hausse annuelle de la croissance de pratiquement deux points de pourcentage et permettre un recul de la pauvreté de quasiment un point de pourcentage par an », a estimé Albert Zeufack.
L’expert a, par ailleurs, insisté sur la nécessité de renforcer la gouvernance publique au sein des pays, d’améliorer le cadre juridique et institutionnel et surtout de faire en sorte que les politiques publiques servent la population. Enfin, Albert Zeufack avertit sur l’afflux des réfugiés qui risque d’augmenter les dépenses des États et appelle les dirigeants à trouver des solutions régionales.
Le document souligne le rôle clé que jouent les trois plus grandes économies du continent, à savoir le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Angola, dans le dynamisme économique de l'Afrique. Au Nigeria, la croissance s’est certes accélérée en 2018 par rapport à 2017, à la faveur d’une légère reprise dans le secteur non pétrolier, mais elle est restée inférieure à 2 %.
L’Angola demeure en récession, la faiblesse de la production de pétrole ayant fait brusquement reculer la croissance. L’Afrique du Sud, sortie de la récession au troisième trimestre de 2018, ne connaît qu’une croissance modeste, sur fond d’incertitudes politiques pesant sur la confiance des investisseurs.
Quelques économies moins dépendantes du pétrole sortent du lot des mauvais élèves : le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Bénin et la Côte-d’Ivoire ont affiché de solides performances en 2018. Les perspectives de 2019 leur attribuent un taux de croissance supérieur à 6%.
Le nouveau président de la BM investi
Désigné à l’unanimité par les administrateurs du groupe de la BM pour un mandat de cinq ans, David Malpass a pris officiellement ses fonctions le 9 avril, à Washington. L’Américain devrait mettre sa longue expérience des affaires internationales, de la finance et du développement économique au service des activités de l’institution de Bretton Woods.
Avant d’arriver à la tête de la BM, David Malpass a exercé les fonctions de sous-secrétaire chargé des affaires internationales au Trésor américain. À ce titre, il a représenté les États-Unis sur la scène internationale à l’occasion de divers événements comme les réunions du G7 et du G20 à l’échelon des adjoints des ministres des Finances.