Le président sud soudanais et le chef rebelle ainsi que les autorités ecclésiastiques du pays participeront, les 10 et 11 avril, à « une retraite spirituelle » pour la paix, a annoncé le Saint-Siège.
La retraite à la résidence Sainte-Marthe du Vatican, où loge le pape François, rassemblera au total cinq membres de la présidence de la République du Soudan du Sud, qui doivent diriger le pays à compter du 12 mai en vertu d’un accord de partage du pouvoir pour mettre fin à la guerre civile.
Outre le chef de l’Etat sud soudanais, seront présents quatre des cinq vice-présidents désignés : le chef rebelle Riek Machar, James Wani Igga, Taban Deng Gai et Rebecca Nyandeng De Mabior.
Le cinquième, Changson Chang, est absent car l’Alliance d’opposition du Soudan du Sud, une plate-forme des groupes rebelles, divisée depuis plusieurs mois sur son leadership, ne l’a pas encore formellement accepté comme son représentant.
Les autorités ecclésiastiques seront représentées par les huit membres du Conseil des Églises du Soudan du Sud.
« L’Église veut ainsi offrir une occasion propice à la réflexion et à la prière, ainsi qu’à la rencontre et à la réconciliation » aux responsables du Soudan du Sud travaillant pour « un avenir de paix », explique le communiqué du Vatican.
C’est le chef des anglicans, l’archevêque de Canterbury, Justin Welby - qui sera présent à cette retraite -, qui avait proposé cette initiative commune, a précisé le Saint-Siège.
La retraite sera prêchée par l’archevêque de Gulu (Ouganda), Mgr John Baptist Odama, et par le président de la Conférence des supérieurs majeurs d’Afrique et de Madagascar, Agbonkhianmeghe Orobator. Elle s’achèvera par un discours du pape François.
« Recherche ce qui unit - Surmonte ce qui divise »
Les participants à la retraite recevront une bible dédicacée par le pape et par l’archevêque de Canterbury, qui comportera le message « Recherche ce qui unit - Surmonte ce qui divise ».
Les leaders du Soudan du Sud exprimeront leur « engagement commun pour la paix » avant de recevoir une bénédiction, précise encore le Saint-Siège.
Salva Kiir et Riek Machar ont signé en septembre dernier, à Addis-Abeba, un nouvel accord de paix prévoyant un partage du pouvoir et visant à mettre un terme à plus de cinq ans d’une guerre civile qui a fait plus de trois cent quatre-vingt mille morts et poussé plus de quatre millions d’habitants à fuir leur foyer.
Le président Salva Kiir a quitté Juba, le 9 avril, pour se rendre à cette retraite, jugée symbolique par son entourage. Si tous les chrétiens du monde prient pour le Sud-Soudan, « le cœur des dirigeants changera et l’accord de paix sera mis en œuvre dans la lettre et dans l’esprit », a déclaré son porte-parole, Ateny Wek Ateny.
Le pape François a maintes fois exprimé sa préoccupation pour le Soudan du Sud. Début 2017, il avait annoncé qu’il souhaitait s’y rendre avec Mgr Welby.
Il avait réitéré, à la mi-mars, ce souhait d’un voyage au Soudan du Sud en signe d’ « encouragement au processus de paix », à l’issue d’une audience accordée à Salva Kiir.
Le pape et le président sud-soudanais avaient alors évoqué les « questions concernant l’application de l’accord » d’Addis-Abeba, en particulier la fin des violences, le retour des réfugiés et le développement, selon un communiqué du Vatican.
Le pays a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ancien vice-président et membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État. Exilé à Khartoum, ce dernier a prévu de revenir à Juba en mai dans le cadre de l’application de l’accord de paix.