En raison des combats qui s’intensifient dans le pays, l’ONU a décidé de reporter les assises devant réunir les Libyens autour d’une table de négociation dans la ville de Ghadames, à l’ouest du pays.
Le représentant spécial auprès de la Mission des Nations unies en Libye, Ghassan Salamé, a expliqué qu’il ne pouvait demander au peuple libyen d’assister à une conférence « sur fond de bombardements d’artillerie et de raids aériens ». Il a également condamné l’attaque par l’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar contre le seul aéroport civil dans le pays.
Le représentant spécial a précisé que l’ONU avait décidé de ne pas se précipiter et d’agir avec « prudence et responsabilité » face aux affrontements, « afin de ne pas gaspiller les opportunités historiques disponibles ».
Ghassan Salamé a, toutefois, exprimé sa détermination à organiser la réunion qui a pour but de tracer l’avenir politique du pays « dans les meilleurs délais ». Ces nouveaux conflits ont commencé après une attaque des forces fidèles au général Khalifa Haftar, opposant au gouvernement de Tripoli soutenu par l’ONU, et à d’autres groupes armés qui le soutiennent. En effet, les troupes du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays, se dirigent vers Tripoli où se trouve le siège du gouvernement d'union nationale. Cette situation inquiète la communauté internationale face au risque d'embraser le pays.
Pour sa part, la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a appelé, le 9 avril, « toutes les parties à s’unir, afin d’éviter de nouvelles violences et des effusions de sang ». Elle a, en outre, souligné que les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution doivent toujours être pleinement respectés.
« Le fait de cibler intentionnellement des civils ou des objectifs civils ainsi que des attaques aveugles peuvent constituer un crime de guerre », a-t-elle averti.
La cheffe des droits de l’homme de l’ONU a ainsi rappelé à toutes les parties au conflit en Libye leurs obligations en vertu du droit international, afin d’assurer la protection des civils et de leurs infrastructures. Elle les a exhortées à prendre des mesures pour que les civils ne subissent pas une fois encore les conséquences du conflit.
L’offensive du maréchal Haftar fait plusieurs morts
Au moins quarante-sept personnes ont été tuées dont deux médecins de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et cent quatre-vingt-un autres blessées depuis le début de l’offensive du maréchal Haftar contre la capitale libyenne.
« C’est un bilan qui nous a été fourni par les installations sanitaires proches de Tripoli », a annoncé un porte-parole de l’OMS.
Au total, l’agence onusienne a également enregistré plus de quarante-six attaques qui ont touché des personnels de santé et des installations tout au long de 2018-2019 en Libye. Elles ont tué huit personnels de santé et patients et en ont blessé vingt-quatre.
Pays pétrolier, la Libye est déchirée depuis la chute du guide Mouammar Kadhafi en 2011, par de multiples conflits internes. Et cette reprise du conflit risque également d’épuiser les fournitures médicales, a mis en garde l’OMS.
De son côté, le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a rappelé que quelques jours après l'escalade des affrontements à Tripoli et dans ses environs, la communauté humanitaire reste préoccupée par l'impact humanitaire croissant de l'escalade de la violence.
Ces violences à Tripoli et ses environs ont déplacé plus de trois mille quatre cents personnes et empêchent l’aide humanitaire d’atteindre les civils et les personnes blessées.