Brexit : une modification attendue des liens économiques entre Londres et les pays africains

Vendredi, Avril 12, 2019 - 16:45

Personne ne sait, pour le moment, si le Royaume-Uni sortira du marché unique européen. Si tel est le cas, il sera obligé de renégocier tous les accords commerciaux avec l'Afrique .

Le Brexit implique aussi le rétablissement des droits de douanes et le contrôle aux frontières. Ce qui aurait des conséquences sur les exportations africaines vers l'Union européenne (UE). Le Royaume-Uni est le deuxième investisseur européen en Afrique après la France et le troisième plus gros contributeur au sein du Fonds européen de développement (FED), principal instrument de l'UE pour l’aide à l'Afrique.

Sur la période 2014-2020, Londres va fournir 4,484 milliards d’euros, soit 14,7% de l’aide totale européenne. La Première ministre, Theresa May, s’est engagée à défendre le niveau de l’aide britannique, tout en proposant une réorientation de ces dépenses de manière à soutenir l’économie de son pays. Or la plupart des accords commerciaux que le Royaume-Uni a passés avec les pays africains ont été négociés via l’UE. Ce qui signifie qu'ils ne seront plus valables et devront être renégociés lorsque Londres quittera effectivement l’UE.

Selon les autorités britanniques, ces négociations ont déjà commencé pour éviter trop de perturbations. En sortant de l’UE, la Grande-Bretagne pourra, en revanche, établir des accords plus directs (bilatéraux) avec des pays africains, notamment ceux qui comptent pour elle : l’Ethiopie, et ses anciennes colonies, Ghana, Kenya, Afrique du Sud, Sierra Leone, Nigeria, son premier partenaire économique en Afrique de l’ouest.

En sortant de l’UE, la Grande-Bretagne s’exposerait à l’instauration de droits de douanes de la part de ses anciens partenaires européens. Dans ce contexte, le renforcement des contrôles aux frontières risque de compliquer les exportations africaines qui transitent aujourd’hui par le royaume : fleurs, fruits frais ou matières premières. Ce qui va, de facto, augmenter le coût des exportations africaines vers l’Europe.

L’industrie des fleurs, dont Londres constitue le deuxième marché d’exportation, pourrait souffrir. Par ailleurs, le probable ralentissement de l’économie britannique et la chute de la livre sterling pourraient affecter les envois d’argent de la diaspora africaine. D’autant que le Brexit vise à limiter l’arrivée des migrants africains. L’Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya  sont très dépendants de la bonne santé de l’économie britannique. Theresa May n'a pas caché sa volonté de développer de nouveaux partenariats avec l'Afrique, afin d’amortir un possible choc économique post-brexit. S’il ne reste pas dans l’union douanière, le Royaume-Uni pourra mener une politique commerciale indépendante vis-à-vis de l’UE. Pour conserver son influence dans le monde et relancer son économie, la Grande-Bretagne va se servir de l'Afrique, en plein décollage, et considérée par beaucoup comme la nouvelle et dernière frontière économique.

Noël Ndong
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