Environnement : les projets d’exploration pétrolière opposés aux objectifs climatiques

Mardi, Avril 23, 2019 - 13:08

Un rapport de l’ONG Global Witness, rendu public le 23 avril, relève que les projets des grandes compagnies pétrolières d’investir près de cinq mille milliards de dollars dans les recherches sont « aux antipodes » des objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.

Les projets ficelés dans ce cadre « sont très loin d’être compatibles avec l’objectif de +1,5°C, ils sont aux antipodes de ce dont nous avons besoin », a estimé Murray Worthy, auteure principale de l’étude. « Les plans de l’industrie des énergies fossiles sont incompatibles avec un climat sûr et habitable », insiste-t-elle.

Global Witness évoque l’impact néfaste des grands projets pétroliers alors qu'en octobre dernier, les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) avaient tiré la sonnette d’alarme sur le fait que les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement de la planète, continuent d’augmenter. Ce qui revient à dire que l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement idéalement à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle ne pourra être atteint sans un changement drastique de la société, passant notamment par un retrait à très court terme du pétrole, du gaz et du charbon.

Or, malgré des mises en garde des experts, les géants du gaz et du pétrole prévoient d’investir des milliards dans l’exploration et le développement de nouveaux champs dans les prochaines décennies. Pour ce qui est des chercheurs de Gobal Witness, ils ont, comme le Giec, exclu tout rôle majeur du captage et stockage de carbone, technologie qui permettrait de continuer à utiliser les énergies fossiles en réabsorbant le CO2 émis dans l’atmosphère. A ce sujet, Murray Worthy assure : « Si vous retirez cela, vous avez besoin de réduction de la production de pétrole de 40% d’ici à 2030 ». Elle s’est exprimée ainsi alors que les prévisions tablent sur une augmentation de cette production de 12% d’ici à cette date.

Le rapport note, par ailleurs, qu’après des années de prix bas du pétrole, les investissements dans l’exploration se sont stabilisés. Ils devraient cependant augmenter de 85% dans les dix prochaines années, pour atteindre mille milliards de dollars par an d’ici à 2029, précise-t-on.

Les analystes de Rystad Energy avancent que ExxonMobil prévoit d’investir cent quarante-neuf milliards dans de nouveaux champs pétroliers dans la prochaine décennie.

Du côté de Shell et malgré l’existence des projets d’exploration pétrolière, une porte-parole de la société, qui devrait investir cent six milliards dans de nouveaux champs pétroliers et quarante-trois milliards dans de nouveaux champs gaziers dans les dix ans à venir, a assuré de l’attachement du groupe à l’Accord de Paris. Elle a justifié la poursuite des explorations pétrolières par le fait que les besoins en produits pétroliers demeurent énormes dans la société. « Le gaz et le pétrole seront nécessaires pendant la transition énergétique vers une économie bas-carbone », a-t-elle précisé.

La société Chevron, qui pourrait investir soixante-dix-huit milliards dans de nouveaux champs pétroliers d’ici à 2029, va injecter des fonds « dans des technologies et des opportunités économiques bas-carbone qui pourraient réduire les émissions », a confié un porte-parole.

 

 

Nestor N'Gampoula
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