Le pays a célébré, le 27 avril, le vingt-cinquième anniversaire de la chute du régime de ségrégation, date à laquelle Nelson Mandela devenait le premier président noir de la nation " arc-en-ciel".
« Vous nous avez chargé de changer l'Afrique du Sud (...) notre plan est de créer des emplois, de promouvoir la paix et la réconciliation et de garantir la liberté de tous », avait lancé le nouveau chef de l'Etat, Nelson Mandela, lors de sa prise de fonctions, le 9 mai 1994.
Cinq législatures plus tard, le Congrès national africain tient toujours fermement les rênes du pays. Mais l’euphorie des promesses d'une « vie meilleure pour tous » a cédé la place à la désillusion et une colère sourde, qui pèsent sur la campagne des élections générales du 8 mai prochain.
Aujourd'hui, selon certains observateurs, beaucoup sont déçus. « Les inégalités ont augmenté et le pays est gangrené par une forte criminalité », estiment-ils.
En effet, l'élection, en avril 1994, de son premier président noir avait suscité d'immenses espoirs dans une Afrique du Sud meurtrie par plusieurs décennies de répression sous l'apartheid.
« Le bilan statistique du pays n'est pas à l'avantage des gouvernements qui ont succédé au prix Nobel de la paix. Depuis 1994, les inégalités ont augmenté en Afrique du Sud, au point d'en faire une des sociétés les plus inégalitaires au monde », écrivait, l'an dernier, la Banque mondiale. Entre 2011 et 2015, trois millions de Sud-Africains ont basculé dans la pauvreté, soulignait l'institution.
« Malgré l'émergence d'une classe moyenne, 20% des foyers noirs vivent dans une extrême pauvreté contre 2,9% des foyers blancs », selon l'Institut sud-africain des relations entre les races.
Après une période faste entre 1994 et 2006 où elle a atteint jusqu'à 5,6%, la croissance économique du pays a été stoppée nette par la crise financière de 2008 et peine à redécoller depuis. Elle n'a pas dépassé 0,8% l'an dernier.
Le chômage continue de gangréner la première puissance industrielle du continent et frappe actuellement 27% de sa population active, contre 20% en 1994. Au-delà des chiffres, la corruption est devenue endémique au sommet de l'Etat et dans les entreprises publiques.
Sur fond de fortes disparités sociales, les tensions raciales mettent à dure épreuve la nation « arc-en-ciel » rêvée par Nelson Mandela. La question de la propriété de la terre irrite la majorité noire ainsi que la minorité blanche et les commentaires racistes provoquent régulièrement l'émoi.