L’adjointe à l’émissaire de l’ONU dans le pays, Maria do Valle Ribeiro, a dit, le 29 avril, que l’organisation est inquiète puisque la situation est déjà « grave » dans la région de Tripoli, en proie à des combats depuis le 4 avril.
« Tant que cette situation militaire continue, (...) il faut s’attendre à une détérioration de la situation humanitaire », a déclaré Maria do Valle Ribeiro. « Quand on voit l’utilisation de moyens aériens, les bombardements sans discernement de zones densément peuplées comme on l’a vu la semaine passée, il est difficile d’être optimiste », a-t-elle ajouté.
La responsable adjointe de la mission d’appui de l’ONU en Libye, chargée notamment de l’aide humanitaire, redoute une situation humanitaire préoccupante dans le pays du fait de la poursuite des combats entre les forces du maréchal Khalifa Haftar et celles du Gouvernement d’union nationale (GNA). Les affrontements entre les deux parties ont déjà fait au moins deux cent soixante-dix-huit morts et mille trois cent trente-deux blessés, selon l’Organisation mondiale de la santé. Plus de quarante mille civils ont déjà fui les combats et certains d’entre eux sont toujours bloqués dans les zones de conflit, difficiles d’accès pour les services de secours et les humanitaires.
Selon des témoins, les combats du week-end dernier ont été des plus violents : des raids aériens sur Tripoli menés par les forces de l’homme fort de l’est libyen ont fait quatre morts et vingt blessés. Et si une source militaire pro-GNA affirme que « la plupart des frappes ont touché des secteurs du quartier d’Abou Slim » sans « toucher de cibles militaires », un porte-parole de l’Armée nationale libyenne (ANL), le général Ahmed al-Mesmari, a plutôt signalé que les bombardements ont ciblé une « caserne » et des « dépôts d’armes » dans le quartier d’al-Fallah, limitrophe d’Abou Slim. « Nos frappes sont très précises et visent les dépôts d’armes et de munitions », a-t-il assuré au cours d’une conférence de presse.
En rapport avec les derniers développements de la situation dans la zone de Tripoli, Do Valle Ribeiro s’est dit également « préoccupée » par l’impact du conflit sur « les services de base » dans la capitale libyenne, les « approvisionnements en eau et électricité » et les services médicaux, ou « la disponibilité des produits de base et leurs prix ».
De nouvelles accusations contre Paris
Les combats en Libye ont conduit, une nouvelle fois, Tripoli à accuser la France de soutenir le maréchal Khalifa Haftar. Par la voix du ministre de l’Intérieur, Fathi Bachagha, le GNA a critiqué le soutien apporté par Paris, selon lui, à l’homme fort de la Cyrénaïque, qui mène une offensive militaire contre la capitale libyenne.
« La France est un pays chef de file en matière de démocratie (...) Elle a également joué un rôle important dans la chute de l’ancien régime en 2011 », a souligné Fathi Bachagha lors d’une conférence de presse à Tunis, le 28 avril. « Tout cela explique notre surprise quant au rôle de la France dans le soutien à Haftar et à ses fils », a-t-il poursuivi, avant d’appeler « la France à rester fidèle aux valeurs françaises et à son passé démocratique ».
Réagissant à ces accusations qu’elles ont qualifiées de « complètement infondées », les autorités françaises ont réaffirmé leur soutien au « gouvernement légitime du Premier ministre, Fayez al-Sarraj, et à la médiation de l’ONU pour une solution politique inclusive en Libye ».
En proie à l’instabilité depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011, la Libye est à nouveau plongée dans la violence depuis le 4 avril et l’offensive lancée par Khalifa Haftar sur Tripoli, siège du GNA dirigé par Fayez al-Sarraj.
S’agissant des affrontements entre les deux camps, notons qu’après une rapide progression, les troupes de l'autoproclamée ANL ont été repoussées par les forces loyales au GNA et les combats se concentrent au sud de la capitale.