Des dizaines de manifestants proches de l’ancien président béninois ont annoncé, le 1er mai, que la police et l'armée avaient encerclé la maison de leur leader qui avait appelé au boycott des législatives. Les autorités, elles, démentent formellement. Une infirmation qui n’a pas empêché les heurts.
Lundi soir, alors que les résultats des législatives se faisaient attendre, l'ancien président, Boni Yayi, avait appelé le peuple « à se défendre ». En signe de protestation, les leaders de l’opposition avaient appelé au boycott du scrutin, largement suivi dans le pays. Mardi, Boni Yayi et l'ancien chef de l'Etat Nicéphore Soglo avaient donné un ultimatum au président Patrice Talon pour annuler ce vote et appelé le peuple « à se défendre ».
De son côté, le ministre de l’Intérieur, Sacca Lafia, a démenti toute intention d'arrêter l'ancien président, qui garde un fort soutien au sein de la masse populaire du pays. Pour de nombreux experts, l’opposition béninoise a choisi de mettre en avant les anciens chefs d'Etat Nicéphore Soglo (1991-1996) et Boni Yayi (2006-2016) car ils sont « intouchables ».
Selon des résultats préliminaires, le taux de participation au scrutin a été de 22,99%, a annoncé la Commission électorale nationale autonome du Bénin. L'opposition n'a pas pu participer au scrutin officiellement pour des raisons administratives. Seuls deux partis proches du pouvoir étaient en lice : le Bloc républicain et l'Union progressiste, et l'internet a été coupé pendant près de 24 h.
Les deux partis proches du président Patrice Talon qui ont participé à l'élection se partageront les quatre-vingt-trois sièges du nouveau parlement. L’Union progressiste, selon les tendances publiées, totalise 645 214 voix pour quarante-sept sièges probables et le Bloc républicain 502 411 voix pour trente-six sièges probables.
La plate-forme d’observation de la société civile a fait état de deux morts lors du vote, sur un total de deux cent-six incidents dont des destructions et incendies de matériel électoral, des accrochages entre militants de partis, population et forces de sécurité.
Le président Patrice Talon est accusé d’avoir amorcé un tournant autoritaire dans ce pays modèle de démocratie en Afrique de l’ouest, où se multiplient les intimidations et arrestations des opposants.
Signalons que le taux de participation à des élections n’était jamais descendu sous la barre des 50% depuis que le Bénin est entré en démocratie en 1990.