La mise en place de la zone de libre-échange continentale (Zlec) africaine, la plus grande au monde, couvrira un marché de 1,2 milliard de personnes.
Le lancement de la Zlec africaine est annoncé pour le mois de juillet. Grâce à la 22e ratification, par la Gambie, de l'accord de création de cette Zlec, le seuil minimum de vingt-deux États signataires, requis par les cinquante-cinq États membres de l'Union africaine (UA), a été atteint. Ce qui ouvre la voie au lancement effectif de cet espace d'échanges commerciaux, qui aura lieu en marge du sommet de l'organisation continentale prévu en juillet, au Niger. Dès qu'il sera mise en place, cet espace couvrira un marché de 1,2 milliard de personnes, avec un produit intérieur brut combiné de 2,5 milliards de dollars. Ce qui en fera la plus grande Zlec au monde depuis la création de l'Organisation mondiale du commerce, il y a soixante-dix ans.
Jean-Marie Biada, expert des questions économiques, financières et d'intégration économique, consultant auprès de l'Organisation des Nations unies au développement industriel, a précisé que pour un fonctionnement efficace et harmonieux de la zone, ses États membres sont tenus, conformément aux dispositions de son article 28, au respect principalement des listes d'engagements spécifiques, des exonérations du traitement de la clause de nation la plus favorisée, des services de transport aérien, du programme de travail transitoire de mise en œuvre de la zone, de la liste des secteurs prioritaires ainsi que du document-cadre sur la coopération réglementaire. ''Le plus dur c'est de démarrer'', a-t-il déclaré. Il a souligné que la zone est le catalyseur de la Communauté économique africaine, avec trois objectifs majeurs: faire baisser les prix des produits et services proposés à la vente dans la Zlec, optimiser l'utilisation des facteurs de production (capital, travail, terres, matières premières, énergie, infrastructures) et de favoriser l'emploi dans les secteurs où chaque pays détient un avantage comparatif.
En termes d'opportunités offertes par la zone aux pays membres, il a cité sa capacité à fournir un marché unique et un marché libéralisé favorisant la circulation des facteurs de production; un niveau d'investissement croissant grâce à la mobilité rapide des capitaux, enfin un transfert rapide du savoir-faire par la libre circulation des expertises continentales. Parmi les autres opportunités découlant de l'accord, on peut citer la création d'une union douanière continentale, la promotion du développement industriel du continent à travers la diversification et le développement de l'agriculture, de la sécurité alimentaire et des chaînes de valeur régionales, l'accélération des processus d'intégration régionale et continentale.
Mais ces défis, associés aux objectifs poursuivis par la zone, nécessitent d'énormes ressources financières pour leur mise en œuvre et leur suivi-évaluation. Il a invité l'UA à '' faire sortir des fonts baptismaux les institutions stratégiques de développement qui existent sur le papier depuis des lustres, mais qui n'ont pas encore vu le jour, notamment le Fonds Monétaire africain et la Banque centrale africaine''.
En ce qui concerne l'industrialisation du continent, Jean-Marie Biada a indiqué qu'elle est tributaire de la qualité de la recherche/innovation menée sur le continent, du volume des financements qui leur est consacré et de la volonté politique ''de valoriser systématiquement le résultat de ces recherches''. ''Le commerce étant la fille aînée de l'industrie, une zone de libre-échange offrira un marché captif à l'industrie africaine, dont le développement sera ancré sur l'utilisation généralisée des fruits de la recherche/innovation/développement, initiés et entretenus par les chercheurs du continent'', selon lui.