Développement : l’Afrique devrait plus s’inquiéter de la perte de productivité liée aux maladies

Lundi, Mai 6, 2019 - 15:15

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) invite les dirigeants de la région « à réorienter urgemment leurs politiques publiques vers le secteur de la santé »

La multiplication des maladies et autres épidémies, notamment Ebola, le paludisme, le sida et le choléra, augmente  la vulnérabilité de l'économie africaine, entraînant des pertes économiques annuelles de l’ordre de deux mille quatre cents milliards de dollars américains dans l’ensemble du continent.

C'est ainsi que le rapport de l'OMS, intitulé "Productivity cost of illness", touche un point crucial du développement de l’Afrique : la santé. C’est un tout autre discours, rien à avoir avec le traditionnel appel à investir dans les infrastructures de base et l’énergie pour booster le développement. En effet, le chiffre de deux mille quatre cents milliards de dollars américains représente en fait les pertes totales annuelles que subissent les économies africaines à cause des maladies et autres épidémies. On le sait, la République démocratique du Congo est affectée par le virus d’Ebola dans certaines parties de son territoire. Face à cette épidémie, le pays éprouve toujours des difficultés pour la contenir en raison de sa vitesse de propagation et de l’absence de financement. Les moyens à mobiliser pour y faire face et prendre en charge les malades sont tout aussi impressionnants : quatre-vingts points de contrôle pour surveiller les points de passage, sept cents agents sanitaires soutenus par l’Organisation internationale pour les migrations, quarante-deux millions de voyageurs dépistés depuis le début de l’épidémie, etc.

Développement économique et santé

Face à une Afrique tournée résolument vers le développement économique, l’OMS met en garde contre les ordres de priorité dans l’investissement. En effet, le continent ne devrait pas perdre de vue que la population va doubler d’ici à 2050, atteignant les 2,5 milliards d’âmes. Le boum démographique va poser forcément des inquiétudes sur la prise en charge effective de la population additionnelle. Il est urgent d’améliorer les systèmes sanitaires et d’augmenter la qualité de la main d’œuvre potentielle. Or, le personnel soignant en Afrique, selon la Banque mondiale préoccupe plus d’un expert : « La densité de médecins du continent africain est de deux médecins pour dix mille habitants, très en dessous de la moyenne mondiale qui est d’environ quatorze médecins pour dix mille habitants ».

Par ailleurs, la tendance démographique projetée est d’environ sept cent cinquante millions de jeunes africains d’ici à 2030. Cela représente un véritable atout sur le plan de la disponibilité de la main d’œuvre. Mais l’OMS reste assez pessimiste. D'après elle, l’état des politiques sanitaires africaines laisse penser « qu’à long terme, le continent africain risque de passer à côté de cette opportunité économique ». Le sentiment est d’autant plus justifié par une montée attendue des maladies sexuellement transmissibles au cours des dix prochaines années. Cette augmentation de 27 % va entraîner vingt-huit millions de décès supplémentaires.

Pour l’OMS, l’Afrique n’a d’autres choix que de consacrer au moins 15 % de son budget public à la santé. Pour l’heure, quelques pays dont le Malawi, l’E-Swatini, l’Ethiopie et la Gambie ont pu réaliser cet objectif dans les années 2015.

Laurent Essolomwa
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