Dans le communiqué de presse qu’il a publié, le 9 mai, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué avoir franchi une étape importante de ses discussions avec le Congo. Le pays devra néanmoins attendre la décision du Conseil d’administration de l’institution pour que soit validé l’accord trouvé par les deux parties.
Après deux ans de négociations durant lesquelles les perspectives d’un tel aboutissement étaient loin d’être crédibles, le Congo et le FMI peuvent désormais envisager l’avenir avec beaucoup de sérénité. Alors donc que Brazzaville devra, dans les délais raisonnables, accéder à la Facilité élargie de crédit, l’institution financière de Bretton Woods calibre son optimisme sur les efforts accomplis par les autorités congolaises au long des dernières années, mais elle met en lumière, dans le même temps, les mesures qui doivent accompagner ce retour à la stabilité macroéconomique.
Une bonne croissance en vue
Si l’année dernière, en raison de la récession, le Congo n’avait pas fait mieux, en termes de croissance, que 1 %, les experts du FMI l’estiment pour 2019 à 5%, voire un peu plus. Le communiqué du Fonds, citant les observations de sa mission qui a séjourné à Brazzaville du 1er au 8 mai, note pour ces nouveaux indicateurs de croissance « une forte expansion de la production pétrolière, une reprise de la croissance du secteur non pétrolier », mais aussi une bonne tenue des secteurs agricole, sylvicole et des transports.
Autres éléments déclencheurs de ce regain de confiance, le communiqué souligne les efforts de consolidation budgétaire et l’accord de restructuration de la dette du Congo envers la Chine, intervenu il y a quelques semaines. Ce sont, peut-on lire, des étapes décisives, sans lesquelles du temps allait encore passer sans que l’on y voit un peu plus clair.
On peut, au regard de ces appréciations techniques relevées plus haut, conclure à la bonne disposition d’esprit dont ont fait preuve les autorités congolaises durant les deux années de discussions avec le FMI. Pour chiffrer ces avancées, il est à noter que « le solde budgétaire global est passé d’un déficit de 7,4% du PIB en 2017 à un excédent de 6,8% en 2018 ». On peut ajouter à ces données l’engagement des autorités à « poursuivre l’assainissement des finances publiques ».
De nombreux défis aussi
A ces indications presque parfaites, les experts du FMI n’ont pas passé sous silence les écueils qui se posent sur le chemin de la reprise économique. Ils sont liés à la demande sociale, à la dette intérieure et à la gestion pétrolière. « Il sera essentiel d’adopter un plan crédible accordant une priorité au remboursement des arrièrés sociaux (en particulier les retraites) et au règlement des arriérés intérieurs envers les fournisseurs de l’Etat », note encore le communique du FMI, qui y voit non seulement un moyen de « protéger les revenus de base, favoriser la croissance et préserver la stabilité du secteur financier », mais aussi « une des priorités économiques les plus urgentes à court terme ».
Tout bien considéré, les discussions entre le gouvernement congolais et le FMI ont passé en revue tous les secteurs vitaux de la vie nationale. A la question « Que nous veut le FMI ? » que se posent les Congolais ébouillantés par les expériences douloureuses du passé avec cette institution (elles s’appelaient privatisations, réduction de salaires, des effectifs de la fonction publique, gel des avancements, augmentation du prix de l’essence à la pompe, etc.), la réponse, au regard de ce qui est envisagé ci-haut peut-être, là aussi toute considération gardée, « Le FMI veut nous aider à mieux nous tenir ». Pourvu que les autorités congolaises, saluées pour « des avancées majeures dans la mise en œuvre de leur programme de réformes structurelles », ne s’arrêtent pas en si bon chemin.