Préoccupé par les combats près de Tripoli, Antonio Guterres a dit redouter cette situation alors que le pays est soumis depuis 2011 à un embargo sur les armes.
« Je suis profondément préoccupé par les opérations militaires actuelles en Libye qui seraient alimentées par des transferts d'armes dans le pays, y compris via la mer », écrit le secrétaire général dans un rapport rendu public le 13 mai et portant sur la mission européenne Sophia. Autorisée par l’ONU en 2016, cette opération militaire a pour but de veiller à l'inspection de navires au large de la Libye.
En septembre, novembre et janvier derniers, trois inspections de navires avaient été faites par des Européens mais aucune arme n'a été trouvée, selon le document qui vient d'être remis au Conseil de sécurité.
La mission Sophia a été prolongée jusqu'au 30 septembre, mais ses moyens navals ont été retirés en mars après un refus de l'Italie d'accepter des débarquements de migrants par ces navires dont le deuxième objectif était de lutter contre les réseaux de passeurs.
Le dernier rapport de l’ONU sur la Libye indique, par ailleurs, que les autorités portuaires et les douanes libyennes avaient saisi en février, notamment dans la ville de Misrata, des véhicules blindés ainsi que des armes à Khoms au début de l’année en cours.
Le secrétaire général de l’ONU a dit s’inquiéter de l’armement entrant en Libye alors qu’en dépit d'appels à un cessez-le-feu, le maréchal Khalifa Haftar, soutenu notamment par l'Egypte, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, poursuit son offensive déclenchée le 4 avril pour s'emparer de Tripoli. Celle-ci est à ce jour bloquée par les combattants du gouvernement de Fayez al-Sarraj appuyé par la Turquie et le Qatar.
Pour éviter l’entrée de l’armement en Libye, les Européens ont, dans une déclaration rendue publique le même jour, à Bruxelles, insisté sur « l'engagement à respecter l'embargo sur les ventes d'armes » à ce pays.
Réagissant à la poursuite de l’offensive menée par l’autoproclamée Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa vers la capitale libyenne, l'Union européenne (UE) l’a condamnée tout en la qualifiant de « menace pour la sécurité internationale ».
« L'attaque militaire de l'Armée nationale libyenne contre Tripoli et l'escalade qui s'en est suivie à l'intérieur et autour de la capitale constituent une menace pour la paix et la sécurité internationales et menacent davantage la stabilité de la Libye », ont averti les ministres des Affaires étrangères de l'UE dans une déclaration commune. « L'UE appelle toutes les parties à mettre en œuvre immédiatement un cessez-le-feu et à coopérer avec les Nations unies pour assurer une cessation complète et globale des hostilités », ajoute la déclaration.
Les Européens ont, en outre, averti que « les attaques aveugles contre des zones résidentielles densément peuplées peuvent constituer des crimes de guerre et ceux qui violent le droit international humanitaire doivent rendre des comptes». Ils ont insisté sur « l'engagement à respecter l'embargo sur les ventes d'armes » à la Libye. « La priorité est un cessez-le feu immédiat », a souligné le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.
Notons que pour faire respecter l’embargo contre les armes en Libye, les Européens devraient décider de renvoyer des navires de guerre en Méditerranée afin de permettre à l'opération militaire Sophia de mener cette mission.