L'exécutif a été pointé du doigt par le Conseil national de défense et de sécurité (CNDS), un des principaux groupes armés du pays, pour « violation » de l’accord de paix de Khartoum.
L'accusation fait suite à une mission éclair, début mai, des Forces armées centrafricaines (Faca) dans la ville de Kaga-Bandoro, au centre du pays. « Le Conseil national de défense et de sécurité a adhéré pleinement à l’accord de Khartoum, mais s’oppose catégoriquement au déploiement des Faca à Kaga-Bandoro », peut-on lire dans le communiqué rendu public, le 13 mai, par cette formation militaire regroupant différents groupes armés de l’ex-Séléka. Ce déploiement s’apparente à « une violation de l’accord par le gouvernement, signé par tous les partenaires nationaux et internationaux », a indiqué son président, Abdoulaye Hissène.
Après le CNDS, le Front populaire pour la renaissance de Centrafrique, par la voix de son président, Nourredine Adam, dénonce le caractère « brusque » du déploiement des Faca, sans l’aval des parties signataires de l’accord. Cependant, aucune réaction n’est enregistrée du côté du gouvernement.
Les faits dénoncés remontent au 5 mai lorsqu’une petite unité des Faca a fait une incursion dans la ville de Kaga-Bandoro. Si leur présence avait été saluée par la population, selon une source locale, les éléments de Faca n’avaient mis que quelques heures avant de se retirer de la ville. Aucune information n’a filtré encore sur cette brève incursion.
L'accord de paix et de réconciliation, signé début février dernier à Bangui, entre quatorze groupes armés et les autorités, prévoit notamment la mise en place des unités spéciales mixtes de sécurité, composées de militaires et de membres de groupes armés, pour une « période transitoire initiale » de deux ans, en vue d’établir la sécurité sur l’ensemble du territoire. Plus de trois mois après l'accord, ces patrouilles mixtes ne sont toujours pas opérationnelles.
« Pendant que nous attendons la mise en place de ces unités, voilà que le gouvernement déploie des Faca dans notre zone sans notre avis », constate Abdoulaye Hissen. « Cela veut dire que le gouvernement n’a pas respecté son engagement en déployant de manière unilatérale des troupes constituées uniquement des Faca à Kaga-Bandoro », a-t-il poursuivi.
Préparé depuis 2017 par l'Union africaine, l’accord de Khartoum est le huitième signé depuis le début de la crise en 2013, à l’issue d’un cycle de négociations menées sous l’égide des Nations unies et de l’Union africaine.