Le secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères, chef du département des Congolais de l’étranger, explique dans cette entrevue les enjeux de la création de sa structure, ainsi que ses missions avant de projeter l’avenir.
Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Qu’est-ce qui justifie, selon vous, la création du département des Congolais de l’étranger ?
Jean Philippe Ngakosso (J.P.N.) : La volonté de créer un département des Congolais de l’étranger répond à un vœu cher au chef de l’Etat : celui de mieux organiser la présence de nos compatriotes de l’extérieur, afin de les associer au processus du développement national. L'on se souvient qu’en juillet 2015, lors de la tenue du dialogue de Sibiti, parmi les réformes à engager dans le cadre de l’évolution des institutions, figurait en bonne place la prise en compte de la diaspora. Désormais, au ministère des Affaires étrangères, tout un département est dédié à cette frange de notre population qui vit à l’extérieur.
Celui-ci est dirigé par un secrétaire général adjoint qui a rang et prérogatives d’ambassadeur non résident. Les missions dévolues à ce département consistent à proposer des stratégies visant à encourager les Congolais de l’étranger à s’impliquer dans le processus du développement national ; engager une réflexion sur les activités à mener par les institutions nationales afin de favoriser le partage d’expériences et d’optimiser l’apport des Congolais de l’étranger dans le développement du pays ; faciliter l’installation des structures des Congolais de l’étranger au Congo ; centraliser les informations sur les Congolais de l’étranger selon leur domaine d’activité, etc.
Le département des Congolais de l’étranger comprend quatre directions : la direction de l’identification et des études, la direction de la protection et de l’assistance, la direction de l’appui aux initiatives d’insertion, la direction des droits civiques et politiques. Toutes ces directions ont des missions spécifiques. Elles comprennent huit divisions.
L.D.B. : Quelles sont les actions que vous avez entreprises depuis votre nomination à la tête de ce département ?
J.P.N. : C’est une question importante dans la mesure où elle nous renvoie à la nature même de ce département. Dès notre arrivée, nous avons réuni nos collaborateurs et nous nous sommes donné une feuille de route qui répondait à quelques points précis, à savoir l’état des lieux, la relance des points focaux, la création d’un portail web, le suivi de la gestion du dossier des passeports, les missions d’imprégnation dans certains pays emblématiques dans la gestion de leurs diasporas (Sénégal, Maroc, Mali et Cameroun), l’initiation des textes juridiques utiles à une meilleure gestion de nos compatriotes de l’extérieur.
L.D.B. : Qu’en est-il de la gestion des passeports ?
J.P.N. : C’est une initiative salutaire du gouvernement. Les équipes du ministère de l’Intérieur ont sillonné certains pays pour, notamment, y installer des centres d’enrôlement. Ce qui fait qu’aujourd’hui, certains compatriotes vivant dans des pays comme la France, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, Cuba et l’Afrique du Sud ont déjà reçu ces équipes. C’est un travail qui a démarré et qui se poursuivra.
L.D.B. : Que peut-on retenir sur le plan de la représentativité des Congolais de l’extérieur dans les institutions consultatives ?
J.P.N. : Certaines places ont été réservées pour les Congolais de l’étranger au Conseil national du dialogue et au Conseil consultatif de la jeunesse. Dans le cadre d’une bonne gestion de ces compatriotes, d’autres textes juridiques sont à prévoir. Nous pensons à un avant-projet de loi qui devra instituer un Conseil représentatif des Congolais résidant à l’extérieur. Ses démembrements seront des conseils de base installés dans chaque pays où résideront nos compatriotes. Donc, des initiatives importantes sont en train d’être prises en vue de permettre à ce qu’ils soient mieux représentés et que leurs intérêts soient mieux défendus. Sur ce point, le rôle des missions diplomatiques sera déterminant.
L.D.B. : Comment entendez-vous procéder pour renforcer les liens de la diaspora congolaise avec le pays d’origine ?
J.P.N. : Nous sommes en train d’initier les textes qui permettront à nos compatriotes d’être mieux organisés. C’est toute une culture que nous forgerons avec eux. Nous pensons que les compatriotes, sur certaines questions qui les concernent, doivent être consultés. Dans le cadre des ressources humaines non disponibles, ils peuvent apporter leurs expertises. Par exemple, dans les domaines de l’enseignement et de la santé. Il faut noter que, sur ce dernier point, certains de nos compatriotes rentrés au pays exercent dans quelques établissements sanitaires. Ils le font professionnellement et c’est au grand bonheur de tous.
Le département des Congolais de l’étranger vise à permettre à nos compatriotes d’être plus utiles au développement de notre pays. Si nous pensons que le pays a souffert pour beaucoup d’entre eux, le moment est venu de lui renvoyer l’ascenseur. En créant ce département, le gouvernement est résolu à les mobiliser afin qu’ils participent au développement du pays. Pour y parvenir, nous devons savoir qu’il y a un certain nombre d’éléments utiles.
L.D.B. : Qu’envisagez-vous d’entreprendre au cours des prochains mois dans le cadre de vos missions ?
J.P.N. :Nous aurons un agenda chargé et notre axe de travail sera focalisé autour de cinq points prioritaires. Le premier sera la rencontre avec nos compatriotes ; le deuxième le recensement ; le troisième sera relatif à la création des conditions permissives au retour et à la réinsertion; le quatrième, l’organisation de ces compatriotes en vue de leur mobilisation afin qu’ils participent réellement au processus du développement; enfin le cinquième point est le respect des lois et règlements des pays d’accueil.