Les deux parties ont convenu, le 14 mai, de réchauffer leurs relations en réglant certains dossiers épineux qui les opposent tels celui sur la Syrie ou l’ingérence russe dans les élections américaines de 2016, malgré de nombreux désaccords persistants.
La visite du chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, à Sotchi sur la mer Noire, où il a été reçu par le président russe après trois heures d’entretien avec son homologue, Sergueï Lavrov, avait pour but de briser la glace avec Vladimir Poutine. Il s’agissait de la rencontre au plus haut niveau entre responsables des deux puissances rivales depuis le sommet d’Helsinki de juillet.
L’occasion était tout indiquée pour Washington et Moscou de chercher à avancer ensemble sur plusieurs dossiers, notamment le conflit syrien qui a fait plus de trois cent soixante-dix mille morts depuis 2011, a poussé à la fuite des millions de personnes et morcelé le pays. Malgré cette volonté affichée, la liste des désaccords reste très longue entre les deux puissances rivales puisqu’aucune percée n’a été annoncée : du Venezuela aux traités de désarmement, rien absolument n’a pas permis aux parties concernées de trouver des terrains d’entente.
« Nous avons dit à plusieurs reprises que nous voudrions rétablir des relations complètes », a assuré tout de même le président russe, ajoutant que le conflit syrien avait été évoqué au cours de leur entretien. Vladimir Poutine a plutôt choisi de se concentrer sur les bonnes nouvelles.
S’agissant de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l’ingérence russe dans la présidentielle américaine, il l’a saluée, soulignant qu’elle était « assez objective » pour avoir conclu à l’absence de collusion entre les présidents américain et russe. Le chef du Kremlin n’a nullement mentionné le fait que le rapport a établi une ingérence dans le scrutin, ce que son pays a toujours démenti. « Les faits montrent que ceux qui montent ce sujet en épingle n’ont pas de preuves », a, pour sa part, affirmé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
La Maison-Blanche espère que la fin de l’enquête du procureur qui a conclu, il y a moins de deux mois, à une ingérence russe dans la présidentielle de 2016 aux Etats-Unis mais pas à une collusion entre l’équipe du candidat Trump et la Russie permette de tourner la page de relations glaciales. Le sujet a empoisonné la première partie du mandat de Donald Trump et entravé sa promesse de campagne de rapprochement avec le Kremlin. Il a néanmoins donné lieu à une passe d’armes entre Mike Pompeo et Sergueï Lavrov.
Assainir les relations bilatérales
En dépit des désaccords qui persistent sur d’autres dossiers, Mike Pompeo a assuré, à propos de la Syrie, que les deux pays ont désormais « une idée commune des points de blocage » du règlement politique et peuvent « travailler ensemble sur la manière de le débloquer ». Quant au dossier nucléaire nord-coréen, il a dit que Moscou et Washington avaient les « mêmes objectifs » bien que la rencontre chaleureuse entre Vladimir Poutine et Kim Jong Un, fin avril, ait contrasté avec le fiasco du sommet de Hanoï avec Donald Trump en février.
En somme, les deux parties ont manifesté la volonté d’« assainir les relations » bilatérales, puisque Mike Pompeo a évoqué l’intérêt de Donald Trump pour un entretien en marge du sommet du G20 fin juin au Japon, a confié un conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, assurant que les dirigeants russes étaient «prêts à tout contact ».
Notons que si Mike Pompeo semble avoir évité certains sujets qui fâchent avec Vladimir Poutine, il s’est, par ailleurs, opposé avec Sergueï Lavrov sur la crise politique vénézuélienne. Le chef de la diplomatie américaine a demandé notamment à la Russie de cesser de soutenir le président vénézuélien, Nicolas Maduro. « La démocratie ne s’établit pas par la force », a répliqué le ministre russe des Affaires étrangères.