Réunies en atelier les 22 et 23 avril à l’hôtel Kin Plaza, les deux institutions de régulation des postes et télécommunications des deux Congo se sont nourries de leurs pratiques autour de l’écosystème de la FinTech dans leurs pays respectifs et des deux projets mis en œuvre, à savoir le hub digital et le timbre électronique.
Représentant du directeur général de l’ARPCE (Agence de régulation des postes et des communications électroniques du Congo), Louis-Marc Sakala, Jean-Célestin Endoke a souligné que deux points essentiels étaient à l’ordre du jour des travaux. Il les a explicités en ces termes : « Le premier, c’est qu’en matière de FinTech, comme il s’agit de transfert de monnaie électronique, l’Etat est tenu de l’encadrer à travers une co-régulation, c’est-à-dire l’implication du régulateur des télécoms et celui du régulateur bancaire. Le second était centré sur les questions liées au hub digital et au timbre électronique développées en République du Congo sous la supervision technique de l’ARPCE ». Revenant sur l’importance des deux projets, il a ajouté qu’en ce qui concerne le hub digital, « un pourcentage est perçu par l’État dans le transfert d’argent en vue de maximiser ses recettes ainsi que dans toutes transactions électroniques réalisées au niveau bancaire. Quant au timbre électronique, il consiste en la certification et la traçabilité des paiements de sorte chacun d’eux est suivi par l’État à travers la plateforme mise en œuvre par l’autorité de régulation ». Ce, a-t-il dit, de sorte à permettre une meilleure collecte de la TVA et de toutes les taxes collectées d’ordinaire en termes d’impôts par les services du ministère des Finances, particulièrement l’administration fiscale.
Les assises qui se sont tenues dans la salle Kampala de Kin Plaza étaient « un rendez-vous du donner et du recevoir », selon Jean-Célestin Endoke. Au directeur des affaires juridiques et internationales de l’ARPCE de préciser à la fin de l’atelier : « Nous avons tous donné et nous avons tous reçu. Nous sommes venus parler en premier, mais cela nous a donné l’occasion d’approfondir certains aspects que nous n’avions perçus avant cet atelier. Comme un enseignant qui prépare un cours, cela nous a permis de considérer les choses de manière un peu plus profonde de sorte que cela a été très bénéfique pour nous ».
Hôte des assises, le président de l’ARPTC (Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo) a affirmé la nécessité de leur tenue. « Ce partage d’expérience était important pour la RDC car il fait partie de notre volonté de l’utilisation de la monnaie mobile au-delà d’un outil de transfert d’argent, mais beaucoup plus comme un moyen de paiement électronique, de développement de l’écosystème du commerce électronique. Mais aussi en même temps pour les paiements du gouvernement au niveau des provinces, pour toutes les administrations en besoin de solutions faciles pour développer cet écosystème qui va, à mon avis, créer beaucoup plus de dynamisme dans ce développement du numérique vers lequel nous sommes obligés de tendre et va nous porter vers des horizons bien meilleurs », a dit Christian Katende.
Un bénéfice pour les opérateurs GSM
De l’avis de Christian Katende, les opérateurs GSM traditionnels œuvrant en RDC seront tous intéressés par le développement de la FinTech. Il a soutenu à cet effet : « La mise en œuvre de la FinTech sera tout au bénéfice des opérateurs téléphoniques. Surtout que le contexte de la covid-19 a donné des résultats rassurants favorisant les contacts à distance à travers un usage plus significatif de la monnaie électronique. Elle a rendu les transactions plus faciles ». En outre, a-t-il souligné, « la prochaine étape va consister en une rencontre avec les deux parties prenantes en matière de FinTech, savoir que des contacts ont déjà été pris avec le gouverneur de la Banque centrale du Congo. Une commission ad hoc a été créée pour examiner dans les détails la manière de procéder à la co-régulation. Et d’un autre côté, créer une plateforme de paiement en sorte d’aider à une meilleure collecte des recettes de l’État, et permettre en même temps aux marchands et à la population de bénéficier de services, notamment l’achat et la livraison à distance ».
De son côté, le directeur chargé des relations internationales de l’ARPTC, Bruno Yuma, a estimé que les assisses organisées à Kinshasa cadrent avec la vision du chef de l’État visant l’inclusion financière quitte à mettre à contribution les services financiers numériques. Dès lors, a-t-il dit, « pour pouvoir exercer dans ce secteur-là, il faut la mise en place d’un écosystème. L’intérêt de l’échange avec les homologues de Brazzaville tient au fait qu’ils ont déjà implémenté ce service financier qui s’y développe harmonieusement. Il nous importait d’en savoir davantage notamment sur le cadre stratégique à mettre en œuvre, comment le structurer ainsi que la manière de s’y prendre pour asseoir son cadre légal et réglementaire ». Livrant son appréciation personnelle de l’atelier, il a affirmé : « Nous estimons avoir obtenu les arguments nécessaires sur lesquels se focaliser pour établir notre base stratégique pour permettre de développer notre service financier. Sur la base des échanges, nous sommes outillés pour discuter avec la Banque centrale, lui démontrer le rôle du régulateur des télécoms au sein de ce service financier qui passe par les réseaux des opérateurs téléphoniques, à savoir le mobile money. Ceux qui œuvrent dans ce secteur ne peuvent pas exercer sans passer par eux. La base de données ou d’abonnées dont ils font usage est gérée par l’ARPTC. A cet effet, il faut donc obtenir une co-régulation avec la Banque centrale pour réglementer au mieux le service financier numérique en RDC dont elle a actuellement le monopole. L’un des rôles de l’ARPTC, c’est la protection des consommateurs, celle des transactions opérées au niveau du mobile money. Les enjeux sécuritaires sont considérables dans les services financiers numériques. Ils passent par les réseaux des opérateurs téléphoniques où les attaques de cybercriminalité sont nombreuses. C’est à l’ARPTC de sécuriser toutes les opérations de mobile money et non au régulateur bancaire. Il se limite à veiller au volume des transactions : il plafonne les dépôts et les retraits. Quant aux autres éléments de sécurité, c’est à l’ARPTC d’imposer le respect aux opérateurs la qualité des services offerts et de veiller ».
La rencontre du week-end a été initiée à la suite d'un échange, d’il y a quatre mois des deux homologues congolais, en l’occurrence Louis-Marc Sakala et Christian Katende. L’accompagnement sur la FinTech accordé par le directeur général de l’ARPCE en concertation avec la vice-présidente de l’ARPTC, a été organisé à Kinshasa plutôt qu’à Brazzaville, tel qu’initialement prévu, en vue de donner la possibilité d’en faire profiter plus de participants, a souligné le président Christian Katende qui s’en est trouvé ravi. Et d’affirmer : « Cela témoigne de la volonté manifeste des deux parties de travailler ensemble, de trouver des voies d’entente, de concertation, de collaboration, d’échange d’expériences, utiles au développement de notre monde du numérique ».