Décoder l’attitude à suivre des États et des institutions par rapport à la notion de confiance dans le numérique : tel a été le thème de la rencontre en visioconférence des experts en cybersécurité.
Réunis au sein de la plateforme "Afrik@Cybersecurite", les experts en cybersécurité se sont retrouvés durant 3 h 30, le 30 juillet, pour échanger autour de la thématique "Les États, les institutions et le numérique de confiance". En filigrane, la question fondamentale : « Pour l’Afrique de l’après Covid-19, n’est-t-il pas nécessaire de construire une souveraineté numérique afin d'accélérer son développement ? ». Une occasion pour les participants de dégager les bonnes pratiques sur l’instauration de la confiance dans le numérique.
Reprenant l’essentiel des interventions de chacun des intervenants, la rencontre pourrait se résumer par leurs propos consignés ci-après :
Pour la Gabonaise Reine Toungui, RiskManager, l’Afrique est le terreau de toutes les révolutions. Elle a expliqué que ce continent inspire, suggère, inquiète et c’est en cela qu’il se doit de se définir par lui-même en soulignant qu' il est important de renforcer le contexte dans lequel s’inscrit la définition de la stratégie africaine de sécurité des données numériques. Car, estime-t-elle, « l’Afrique est en guerre !... Non pas dans une optique de vaincre un potentiel ennemi, mais dans un souci décisif de maintenir chacun dans son identité, l’identité de l’Afrique en général et de ses nations ».
Usant de cette référence martiale, le Pr. Issifou Kogui, conseiller spécial ACS, a évoqué la guerre des câbles sous-marins dont la gestion, a-t-il rappelé, a échappé à la gestion des sociétés d’État. Ce sont celles reléguées en simple prestataires pour le compte des GAFA qui sont devenues les nouveaux propriétaires. Face à cette situation, les États africains doivent tout faire pour assurer leur contrôle, a-t-il indiqué.
L’intervention du diplomate Mohamed El Nokaly a porté sur le spatial qui constitue, de son point de vue, l'avenir, expliquant que le spatial et le numérique sont indissociables. A son avis, en Afrique, un effort de communication doit être fait afin de permettre la bonne sensibilisation à l'ensemble des initiatives entreprises sur le continent par les pouvoirs publics et la jeunesse.
Yves-Valentin Gbeyoro, commissaire divisionnaire, a estimé qu’il fallait remonter à l’époque se situant juste après les indépendances où l'Afrique avait compris la nécessité d'unir les efforts pour son développement. A ce jour, depuis 2004, le continent dispose bien d'un document juridique en matière de protection des données numériques regroupant les 55 États africains. Malheureusement, ce document n'a été ratifié que par 8 États sur les 55. Si cette ratification devient effective pour l’intégrité du continent, l’Afrique aura rempli la condition fondamentale vers la mutualisation de ses ressources numériques.
Du côté de la RD Congo, Jean-Louis Bissangilwa, conseiller auprès du Premier ministre, a suggéré que face au déficit de l'Afrique en capital humain, la plateforme "Afrik@Cybersecurite" devrait formaliser le renforcement des capacités institutionnelles de la jeunesse africaine autour du concept du numérique de confiance et de la cybersécurité.
Ce renfort de capacités a été également évoqué par le capitaine Jean-Marius Ibara : s'attaquer à la problématique de la cybersécurité, cela n'est possible qu'avec une volonté politique claire. Il a suggéré la mise en œuvre d'une stratégie multidisciplinaire cohérente, efficace, et contrôlable dans le temps. De même, il a déploré le faible niveau de sensibilisation aux questions liées au numérique de confiance et le manque de financements appropriés.
À l’issue de ces échanges, les participants ont retenu la définition de Reine Toungui à propos du concept numérique de confiance, qui rassure, aide, accompagne, élève, développe tout l’écosystème continental de start-ups/PME numériques ou digitales, technologiques etc. Un numérique de confiance, c’est également une plateforme d’experts, au sein d’Afrik@Cybersecurite, qui mettent en exergue leurs savoir-faire et compétences afin de se rendre incontournables dans la définition des prochains axes d’évolution du numérique.
En conclusion, Arnaud Elion Aken, manager général de la Sté Skytech-Congo, basée au Congo Brazzaville, a annoncé la tenue du 1er Forum Brazza Cybersecurity du 16 au 17 septembre 2021 à Brazzaville, au Centre international de Cconférence de Kintélé, autour du thème « La cybersécurité, un enjeu stratégique pour les États, les entreprises et institutions en Afrique ». L'Afrique en général a besoin du numérique de confiance, et plus particulièrement au Congo, a-t-il précisé. Ce forum bénéficiera de l'accompagnement scientifique de la plateforme Afrik@Cybersecurite.
Cette initiative a été saluée par Yves Ickonga, conseiller spécial en charge du numérique et des télécommunications du président de la République du Congo. Cela permettra, à son avis, d'insister sur la sensibilisation des dirigeants face au risque du cyberattaque et de rappeler que pour atteindre les objectifs voulus par les chefs d’États africains, la numérisation doit s'accompagner impérativement de la sécurisation.
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