Le prix a été décerné à l'ingénieur congolais par « People for the ethical treatment of animals » (Peta), la plus grande organisation mondiale pour les droits des animaux, qui compte plus de six millions et demi de sympathisants dans le monde.
Jean-Patrice Keka Ohemba Okese a reçu le prix pour avoir renoncé à envoyer dans l’espace un cobaye surnommé « Galaxinaut », dans le cadre de son programme spatial Troposphère 6, développé par son entreprise Développement tous azimuts (DTA) et soutenu par la suisse. « Pour ses efforts remarquables afin d’interdire toute utilisation d'animaux dans les expériences spatiales menées par sa société congolaise, Développement tous azimuts, et pour avoir sauvé la vie de Galaxinaute, le cobaye qui aurait été envoyé dans l'espace à bord de la fusée Troposphère 6 », écrit la britannique Ingrid Newkirk, présidente de Peta.
Interdire l’utilisation d’animaux dans les expériences
Jean-Patrice Keka Ohemba Okese a renoncé à envoyer le cobaye après avoir reçu une lettre de Peta et de sa filiale Peta Suisse, l'exhortant à annuler son projet d'envoyer le petit animal dans l'espace. En guise de gratitude, Peta a décidé de décerner à Jean-Patrice Keka son prix Lifesaver Award 2021. Dans sa lettre, Peta avait écrit : « Nous écrivons au nom de People for the ethical treatment of animals (PETA) États-Unis, la plus grande organisation mondiale de défense des droits des animaux, avec plus de 6,5 mllions de membres et de sympathisants, et son organisation partenaire Peta Switzerland, concernant le prochain lancement, soutenu par la Suisse, par votre entreprise congolaise, Développement tous azimuts, de Troposphère 6, lancement auquel le Premier ministre Jean-Michel Lukonde aurait promis d'assister. Nous comprenons que cette navette tentera apparemment d'aller dans l'espace, enverra un satellite à une altitude de 200 kilomètres, et emportera à bord un cobaye nommé Galaxinaut, qui retournera en parachute sur Terre. Sur la base des informations ci-dessous, nous vous exhortons à interdire l'utilisation d'animaux dans les expériences et transférer Galaxinaut dans un sanctuaire animalier agréé pour vivre en paix, au lieu d'être forcé de subir un vol spatial terrifiant. Si vous êtes prêt à le faire, nous vous récompenserons volontiers au niveau international pour votre participation à la course spatiale ».
Pour sa part, Jean-Patrice Keka Ohemba Okese avait répondu : « Après avoir suivi avec intérêt vos arguments pertinents, je prends la ferme résolution et l'engagement de décréter une interdiction totale de l'utilisation d'animaux dans les expériences spatiales de DTA et, à côté de cela, nous abandonnons notre projet de mettre Galaxinaut à bord de ce lancement en vous confirmant qu'il sera immédiatement remis dans son milieu naturel. Au lieu de cela, la capsule Mpongo (navire) sera équipée de divers capteurs, ce qui est une méthode alternative pour obtenir le même résultat sans utiliser d'animaux ».
Les animaux ne sont pas des astronautes
Pour Shalin Gala, vice-président de Peta, Jean-Patrice Keka a agi rapidement et de manière décisive pour épargner à un cobaye vulnérable un voyage dans l'espace terrifiant, déroutant et potentiellement mortel. « Les animaux ne sont pas des astronautes », a-t-il déclaré. A ce sujet, Peta avait indiqué : « Les cochons d'Inde sont des animaux sociaux qui communiquent entre eux en se léchant, en couinant et en gazouillant. Ce sont aussi des proies, alors ils creusent et se cachent lorsqu'ils se sentent menacés. Piéger Galaxinaute seul dans une navette et le lancer dans l'espace sera sans aucun doute une expérience extrêmement anxiogène, voire mortelle pour le cobaye. La société a déjà perdu un animal, un rat nommé Kavira, lors d'un précédent lancement de Troposphere 5, qui s'est écrasé contre un rocher. Kavira n'a jamais été retrouvé et a été présumé mort. Cela n'aurait jamais dû arriver en premier lieu, et cela ne devrait pas se reproduire ».
À la suite de campagnes vigoureuses de Peta, la Nasa et l'Agence spatiale européenne – qui représente la Suisse parmi ses 22 États membres – ont mis fin aux expériences spatiales sur des singes, et les agences ont reconnu que les résultats de ces expériences n'étaient pas pertinents pour les astronautes humains.