Système intelligent, le dispositif conçu par le trio Chadrack Mabla, Luc kitenge et Ferawi Mabla, pour rendre plus profitable la distribution d’eau de forage via le paiement par carte, a obtenu le premier prix du concours d’innovation numérique organisé au sein du Lisungi FabLab, domicilié dans le Campus numérique francophone, à l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) de Kinshasa, le 24 septembre.
Rentabilité et autonomie sont les deux bénéfices de l’ATM (automated teller machine) des lauréats de l’HackMaker (hackaton des makers) de l’AUF. Le nouveau dispositif de paiement par carte prépayée est destiné à encourager le service de distribution d’eau de forage dans la ville. Le projet mis sur pied par la jeune équipe d’entrepreneurs primée dans le cadre du HackMaker (hackaton des makers) est destiné à rentabiliser au mieux le système dans le contexte kinois où il se présente de plus en plus telle une alternative à la Régideso. L’élaboration du dispositif par Chadrack Mabla, Luc kitenge et Ferawi Mabla est partie d’un constat. « Plusieurs s’investissent dans la distribution d’eau et ne parviennent pas à obtenir une bonne rentabilité. Nous voulons encourager tous ceux qui veulent se lancer dans la distribution d’eau à rentabiliser le plus possible leur forage », ont-ils expliqué.
En effet, étant donné la vétusté du circuit de desserte en eau potable actuel, souligne Chadrack Mabla, les besoins en eau de la ville ne peuvent pas être couverts, alimenter Kinshasa est un problème.« Notre dispositif permet la traçabilité de toute l’activité des forages qui offrent une belle alternative au problème d’eau qui se pose dans la capitale », a-t-il indiqué.
Un prototype du projet « Paiement d’eau par carte prépayée pour forage d’eau » est en cours d'essai à Jamaïque, un des réputés quartiers de la commune de Kintambo. Le chef de la team, Chadrack Mabla, précise : « L’installation de notre système se fait en trois heures dans un point de distribution d’eau, une installation déjà existante, en activité. Nous posons juste le dispositif que nous raccordons au moteur du puits ».
Fier de la réalisation de son équipe, il renchérit : « Notre dispositif est utile car il répond à un besoin que l’on rencontre dans plusieurs quartiers de Kinshasa. L’on ne passe pas deux, trois avenues sans apercevoir un forage, la pratique est très répandue surtout dans certaines communes à l’instar de Mont Ngafula. C’est ce qui nous a motivés à numériser le système de paiement pour encourager ceux qui le peuvent à investir dans le forage ».
Et donc, le gros avantage de l’ATM c’est de leur « éviter le coulage des recettes au niveau des puits et d’autonomiser les puits de forage de sorte que les clients s’approvisionnent à toute heure, selon leur besoin, à l’aide d’une carte à condition d’avoir son abonnement prépayé. Cela permet au distributeur de casser toute fraude et aux clients d’avoir de l’eau en permanence afin d’éviter tous ces déplacements comme on le voit si souvent : des gens chargés de bidons quitter d’une commune à une autre, de Ngaliema à Ngaba, par exemple, à la recherche de cette denrée indispensable ».
La logette intelligente, second prix
Second prix, « La logette intelligente » de Prisca Makila, Weesley Dikumba et Gloria Lisole est dotée d’un système intégré qui contrôle et régule l’énergie électrique domestique. « La logette intelligente est un inverseur de phases qui permet de le faire automatiquement dans les maisons pour éviter les accidents qui peuvent subvenir suite à une mauvaise alimentation en courant électrique », a fait savoir Prisca Makila.
L’étudiante à l’Institut supérieur des techniques appliquées précise que le système conçu par son groupe « est aussi doté d’une application androïde de sorte qu’à partir de son téléphone, il est possible de connaître la consommation exacte d’énergie, l’humidité de la logette ». Le dispositif, affirme-t-elle, « indique toute surchauffe dans la logette et lorsqu’il n’est pas possible d’arrêter l’électricité manuellement à partir de la logette, la coupure est automatique. Le procédé permet donc de sécuriser nos électroménagers, notre domicile, notre famille en cas de surtension. D’ordinaire, nos logettes ne sont pas équipées pour faire face à ce problème au retour de l’électricité après une coupure ».
Les trois membres du jury, en l’occurrence Junior Kalengula, Hervé Cicéron Kalombo et Adonis Nsuku ont été unanimes sur la sélection des deux meilleurs projets sur les cinq présentations du jour. En sa qualité d’expert en micro-finance et en financement des petites et moyennes entreprises, Adonis Nsuku a confirmé : « Toutes les présentations ont tourné autour des problèmes sociaux à résoudre mais notre premier choix s’est porté sur la desserte en eau potable ». Il était appréciable de constater aussi que, a-t-il ajouté, « le projet prenait aussi en compte l’entrepreneuriat dans ce secteur ». Cerise sur le gâteau : « Nous avons été flattés de nous trouver face à des jeunes qui réfléchissent aux meilleures solutions pour résoudre les problèmes qui les entourent. Pensant au forage, l’idée première est d’aider notre population à s’approvisionner en eau, mais au même moment, l’entrepreneur qui se lance dans ce projet, selon les estimations faites, rentre dans ses frais, le rentabilise rapidement. C’est une initiative louable ».
Concernant la logette intelligente, Adonis Nsuku a estimé que la Société nationale d’électricité gagnerait à accompagner ces jeunes qui déjà pensent à solliciter un partenariat auprès d’elle. Conquis, il conclut qu’au regard des accidents domestiques parfois irréversibles, « avoir un dispositif qui veille sur la sécurité des installations électriques et permet son contrôle à distance est un bon investissement ». L’initiative est donc à encourager.
Le HackMaker 60e AUF organisé à Kinshasa, en marge de la célébration des 60 ans de l’AUF, l’était simultanément au sein de ses campus numériques francophones à Libreville, Ngaoundéré et Yaoundé sur le thème « Le numérique au service de l’entrepreneuriat social ». Ce concours d’innovation numérique régional a donné l’occasion à quinze jeunes passionnés de technologie, réunis en cinq groupes de trois personnes chacun de réfléchir et trouver des solutions à des problèmes locaux. Ils ont travaillé dans l’esprit du concept même des FabLabs en créant des prototypes à l’aide des machines-outils de Lisungi FabLab présentées au jury vendredi dernier.