Portrait : à la découverte du génie Alain-Brice Niama

Samedi, Mai 24, 2014 - 00:00

Quarante ans à peine, Alain-Brice Niama est un inventeur congolais installé aux États-Unis et qui bénéficie dorénavant de la nationalité américaine. Comptant sept inventions à son actif, ce génie est de passage dans son pays natal, le Congo, avant de se rendre au Tchad où il ira représenter son pays au Salon international de Ndjamena

Ce monsieur, qui pense que le Congo ne sera jamais indépendant tant qu’il ne se développera pas aux plans culturel et  scientifique, est juriste de formation. C’est en classe de seconde qu’il a décroché son baccalauréat A4 en 1994 à Brazzaville. Après son admission, il choisit la faculté de droit pour poursuivre ses études universitaires. À peine inscrit, ce jeune homme devient la risée des étudiants de la faculté des sciences partageant le même mur avec la faculté de droit. « Le baccalauréat A4 est le baccalauréat féminin », se moquaient-ils du jeune homme qui a décroché son baccalauréat en classe de seconde. Pour montrer aux scientifiques qu’il n’était pas celui qu’ils pensaient, il se jeta dans la recherche scientifique à partir de la deuxième année de droit.

Très doué, il invente pour la première fois en 1996 un sirop contre les vers intestinaux à partir de la séparation du miel en fructose en solution d’azote. C’est à la Cité Louis-Pasteur qu’il a fait sa découverte. Il tenait coûte que coûte à vendre sa formule parce qu’il n’avait pas de moyens, mais hélas, les guerres civiles de cette décennie l'ont retardé jusqu’à ce qu’il parte pour les États-Unis. Mais entre-temps, il avait inventé le papier carbone à partir de feuilles de barbadine, de la famille des passifloracées. Comme résultat de cette invention, il a été sélectionné pour le Prix de la Francophonie Robert-Valls 2001 à Paris. Et sa dernière invention au Congo portait sur le carburant à base de résidus de café qu’il a converti en substitut de pétrole. Il fut de nouveau sélectionné pour le Prix de la Francophonie Robert-Valls 2002.

Après ces trois inventions au Congo, il s’est rendu aux États-Unis en 2005. En effet, à l’issue de son diplôme de juriste, il était au chômage. Mais sa qualité d'inventeur lui a valu une invitation pour participer à la Conférence Off-Shore au Texas, États-Unis. Et comme les bienfaiteurs ne manquent pas, il a bénéficié du soutien financier du ministre Isidore Mvouba. Le ministre d’État n’a jamais caché ses sentiments pour ce compatriote qu’il qualifie de génie. « C’est un jeune que j’ai rencontré en 2005. Il est d’un grand talent, pour ne pas dire un génie. Le Congo doit être fier de ce jeune inventeur. Une fois de plus, je le félicite de la manière la plus solennelle et la plus chaleureuse. »

L’apogée aux États-Unis

Quand Alain Brice Niama arrive aux États-Unis, il participe à la Conférence Off-Shore qui concerne tous les chercheurs-innovateurs du monde entier dans le domaine de la technologie des pétroles. À la fin de l’événement, il pensa qu’il lui fallait plutôt rester aux États-Unis où les conditions étaient  réunies dans son domaine d’activités, ce qui n'était pas le cas dans son pays. D’ailleurs, son œuvre a été nominée parmi les trente meilleures du monde par l'ONU et l'OAIP à Osaka, au Japon, parce qu’il était à la fois juriste de formation et inventeur. Ce qui lui a valu beaucoup de points. Devant les Américains, il a démontré qu’on pouvait réduire la pollution dans le traitement du pétrole en mer en espaçant les atomes de carbone entre eux et en créant des molécules CH aromatisées. Cela lui a valu des points pour être candidat au Prix de la Francophonie Robert-Valls 2013, où le Congo a été sélectionné pour la troisième fois.

Toujours aux États-Unis, il a inventé en 2011 le carburant à base de bois renouvelable anti-polluant en Californie. Pour cela, il a obtenu le brevet Upuspto, un brevet américain qui lui permet de participer aux différentes manifestations scientifiques. Il a inventé en 2013 le papier multifonctionnel à partir d'écorces du bois converties en chaînes de carbone ou en chaînes moléculaires de carbone bombardé par les rayons des ampoules.

En cette année 2014, il a fait deux inventions, le drone ou mini-avion sans pilote interne, et le stylo détecteur de faux billets de toutes les monnaies du monde. Expliquant ces inventions, il pense qu’il suffit d’écrire sur un billet de banque pour que les écrits qui apparaissent déterminent si c’est un vrai ou un faux billet. Quant au drone, il s’agit de créer un système entre le téléphone et un engin drone. Son drone peut décoller à partir du téléphone par émission d'ondes électromagnétiques. Il en a fait la démonstration à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la Francophonie, le 20 mars 2014 à Brazzaville. Il va également le démontrer au ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation du Congo, puis devant la sécurité d’État afin de montrer comment ces drones peuvent filmer un paysage à cinq kilomètres et renvoyer les images directement sur le répertoire du téléphone portable. C’est dire qu’on peut être dans une maison ou dans un bureau et contrôler les mouvements du drone pendant qu’il filme l’extérieur. Ce n’est pas de l’utopie, dit-il, car la démonstration en a été faite devant les autorités et filmée. Ce drone a pour rôle de sécuriser la population civile. Il n’est pas à usage militaire, bien qu’il ait plus de onze fonctions. Parmi celles-ci, l'ensemencement dans l’agriculture. Les Américains ont cru et croient en lui.

« La recherche scientifique ne dépend pas des diplômes, parce que le diplôme est très différent de la compétence. On peut avoir des diplômes sans avoir une certaine intelligence, tout comme on peut être à la fois diplômé et compétent. Pour preuve, la plupart des professeurs sont diplômés, mais pourtant ils n’ont pas tous le prix Nobel, tout simplement parce qu’ils n’ont pas tous les mêmes compétences. Parce que la compétence dépend d’une certaine qualification, d’une certaine participation productive liée à la pratique. Je demande donc aux professeurs d’université et aux étudiants de faire des recherches et d’utiliser leur imagination, parce que l’imagination est beaucoup plus importante que la connaissance en ce qu’elle n’est pas limitée, disait Albert Einstein. Parce que tant qu’on n'est pas indépendant culturellement et scientifiquement, on ne peut se développer, certes on peut avancer mais sans être développés », a-t-il l’habitude de dire.

Bruno Okokana