Les traductions automatiques des dix langues africaines choisies ont donc vocation à accélérer l’accès au savoir pour la population qui ne parle pas couramment l’anglais et le français. L’idée est de revitaliser ces langues africaines qui ont une valeur réelle en gardant le contrôle des données et en protégeant leur intégrité.
Depuis le mois dernier, Google propose des traductions en dix langues africaines. Il s’agit notamment du Lingala (Congo, République démocratique du Congo), Bambara (Mali), Lewe (Ghana, Togo), Kro (Sierra Leone), Luganda (Ouganda), L’Oromo (Ethiopie), Sepidi (Afrique du Sud), Tigrinya (Ethiopie, Erythrée), Tsogue (Afrique du Sud), Twi (Ghana). Une bonne nouvelle d’autant plus que Google traduction est intégré par défaut sur de nombreux sites tiers ou des plateformes importantes comme Facebook, Twitter. Mais cette innovation ne va sans soulever quelques questions. Pourquoi ces langues africaines, en particulier, ont-elles été choisies parmi les 2000 langues que compte l’Afrique ? On sait très peu sur ce qui justifie le choix des ingénieurs de la firme américaine. Alors que les personnes ressources africaines pourraient aider l’entreprise à étendre l’initiative.
En juillet 2021, comme l’a expliqué la firme américaine, il y avait sur la plateforme plus de 4,8 milliards d’internautes, soit 61% de la population mondiale. Un chiffre en constante augmentation tout comme le volume des contenus publiés. Par ailleurs, pas moins de 80% de ces données sont disponibles que dans dix langues occidentales, jamais traduites dans les langues africaines, pas même les plus importantes comme le Swahili. Ces données qui seront traduites automatiques en langues africaines ont donc pour vocation d’accélérer l’accès au savoir pour des citoyens qui ne parlent ni l’anglais, ni le français.
L’enjeu est donc de revitaliser ces langues africaines qui ont une valeur réelle, tout en gardant le contrôle des données et en protégeant leur intégrité. Ces données, dont les sources ne sont pas connues, ne sont pas non plus disponibles en accès libre pour les développeurs qui souhaitent proposer des outils concrets aux peuples éloignés du numérique du fait de leur langue.
Par ailleurs, le collectif Idemi Africa appelle la firme américaine à rendre plus transparente sa politique d’intégration des langues africaines, à réaliser un effort collectif plus important avec des acteurs déjà existants et à rendre ces données accessibles. Il s’agit donc de traiter les personnes qui parlent les langues africaines comme des co-créateurs de ces outils en les rémunérant. La langue est plus qu’un ensemble de mots, c’est une façon de penser et d’être en relation avec l’autre et cela mérite qu’on s’y intéresse avec humilité et avec de réelles ressources humaines.