Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : les mutations du virus menacent l’efficacité des médicaments disponibles aujourd’hui. Le combat doit continuer.
Contre le virus Ebola, la course contre la montre ne vise pas seulement la mise au point des médications et vaccins nouveaux. Elle doit aussi prendre en compte un facteur que l’euphorie suscitée par le recul du mal en Afrique de l’Ouest risque de masquer : le virus mue ! Les scientifiques sont formels : 3% du génome de ce virus hautement mortel sont déjà le produit d’une mutation. Au point que la souche qui continue de flageller l’Afrique de l’ouest aujourd’hui, n’est plus celle qui frappa le Zaïre en 1976, au moment de sa découverte.
Dix ans plus tard, cette souche n’avait elle-même plus grand-chose à voir avec celle qui surgit en 1995 à Kikwit, toujours dans l’actuelle République démocratique du Congo. Plus vulnérable ou plus létale, cette version chaque fois nouvelle pose le défi scientifique de mettre au point un protocole qui soit valable pour stopper définitivement le mal aussi bien en RDC qu’en Guinée, en Sierra Leone ou au Libéria, préviennent les chercheurs.
L’un des auteurs de l’étude qui a mis à jour cette nouvelle donne, le Dr Gustavo Palacios, directeur des sciences génomiques à l’institut militaire américain de recherche sur les maladies infectieuses explique : « nous avons voulu alerter sur le processus naturel d’évolution de la souche RNA afin d’induire plus d’efficacité dans les contremesures thérapeutiques » aujourd’hui engagées contre Ebola. En clair, il s’agit pour les scientifiques de mettre au point un médicament ou un vaccin qui agisse en bloquant le facteur mutant chez toutes variétés du virus.
Confrontant les diverses souches du virus, l’équipe américaine a pu mettre en évidence des mutations qui vont de 600 points à 10 suivant les profils de souches. Cette découverte oriente la recherche vers une prise en compte globale de toutes les facettes d’Ebola. Elles peuvent expliquer aussi, ajoutent certains scientifiques, pourquoi l’épidémie est remontée en pics espacés et même en des lieux sans continuité territoriale comme la Guinée et la République démocratique du Congo. Les laboratoires sont à pied d’œuvre pour faire en sorte que les avancées obtenues à ce jour dans la lutte contre le mal ne soient pas annihiler par des formes moins connues du virus.
Rappelons qu’à la date du 18 janvier, un total de 8.626 personnes contaminées par le virus Ebola depuis son apparition en décembre 2013 avaient trouvé la mort. Presque tous les malades se comptabilisent en Afrique de l'Ouest d'après les dernières données en possession de l'OMS. Le nombre des nouveaux malades diminue résolument en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. L’autre bonne nouvelle est que ces trois pays ont désormais « des capacités suffisantes pour isoler et traiter les patients », grâce à l’aide internationale, affirme également l’OMS. Mais le combat continue.