Interview : Black Panther : « Quand une femme slam, elle apporte un message d’amour, de paix... »

Vendredi, Mai 19, 2017 - 14:00

Suite au joli succès qu’a connu Motissage l’année dernière, une seconde édition s’est tenue du 6 au 13 mai dernier à l’Institut français du Congo de Brazzaville. Une belle rencontre avec à la clé un spectacle inédit, « Motissage 2.0 » qui a sans aucun doute été le point d’orgue de ce rendez-vous. Black Panther, initiateur de ce projet revient sur les  grands moments de cet événement.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB): Pourquoi une deuxième édition de Motissage ?

Black Panther (BP) : Nous avons continué Motissage  parce que la première édition a été une réussite. De plus, elle nous a permis de tisser des liens forts avec les personnes que nous avons formées.  Et pour rester dans le même esprit, cette édition s’est aussi déroulée en deux phases. La première phase, celle des ateliers où nous avons travaillé avec deux orphelinats, celui de Kinsoudi et de Kombo. La seconde phase, ouverte au public s’est déroulée du 06 au 13 mai avec au programme quatre activités : une projection, une conférence, une exposition et un spectacle.

L.D.B: Vous avez tissé des liens forts avec les personnes que vous avez formées l’année dernière. Mais que sont-elles devenues ?

B.P : Il s’agit des jeunes filles mères (ou pas) des projets ASI et de Diab Action. Ces filles continuent d’écrire et nous sollicitent quand elles en ressentent le besoin. C’est donc avec plaisir que nous leur apportons notre aide, car notre objectif est non seulement la formation mais aussi donner la possibilité à ses jeunes filles de s’exprimer à travers le slam. Je  pense que sur ce domaine nous avons réussi car nous avons suscité des vocations et notre vœu à ce jour est celui de voir ces jeunes gens intégrer nos rangs.

 L.D.B: Quelle est la particularité de cette édition ?

B.P : En dehors du spectacle «Motissage 2.0», (spectacle que j’ai bâti en m’inspirant des ouvrages, romans, et contes existant déjà et dans lequel j’y ai introduit mes compositions), il y a une exposition de peinture à l’Institut français du Congo de Brazzaville réalisée par la jeune photographe et bloggeuse congolaise Pure Cannelle sur le thème «  Croisé ». Exposition dans laquelle l’artiste a exploré le côté cosmopolite de Brazzaville, en se référant à la culture, la religion, l’ethnie…Une autre particularité sur le programme, une conférence débat avec Emeraude Kouka sur la question de la mobilité des artistes. Un débat qui a suscité des vives réactions de la part des artistes, victimes à tort ou à raison car soupçonnés de prendre la poudre d’escampette une fois hors des frontières congolaises. Nous avons aussi ébauché quelques éléments de réponses sur comment favoriser la mobilité des artistes sur le plan international pour que ceux-ci aient l’opportunité de montrer leurs œuvres en dehors du Congo car on ne crée pas pour soi-même ou encore uniquement pour son pays.

L.D.B: Quel regard portez-vous sur le slam au Congo et quelle est la place de la femme dans ce mode d’expression ?

B.P: La différence n’est pas très grande d’un pays à un autre vu que le slam est encore dans beaucoup de pays à l’étape de la vulgarisation que l’on soit aux Etats-Unis, au Canada, en France ou au Congo. Certains pays sont certes assez avancés mais nous sommes tous, plus ou moins au même stade selon les dires des artistes que j’ai rencontrés lors de mes voyages. D’où l’initiative de Motissage qui n’est pas seulement une tribune pour les slameurs mais aussi pour tous les autres artistes, dans la mesure où, ce festival associe d’autres disciplines artistiques. Concernant la place de la femme, c’est vrai qu’elles ne sont pas très nombreuses, mais elles occupent une place de choix car nous avons remarqué quand une femme slam, elle apporte un message d’amour, de paix, c’est comme une mère qui parle. Et on est fière d’avoir des slameuses à l’image de  Robinson Solo et d’autres que j’ai côtoyées qui font leur bout de chemin.

L.D.B: Nous sommes à quelques heures de la fin de  Motissage 2. Peut-on faire un bilan?

B.P: On peut retenir que Motissage s’agrandit et nous apprenons de nos échecs. Chaque année nous essayons d’améliorer les choses afin que les éditions prochaines soient encore plus belles et fructueuses. Mais une chose est sûre, cette édition a drainé plus de monde que nous ne l’espérions.

L.D.B: Un mot sur l’édition prochaine ?

B.P : Le but est d’organiser Motissage chaque année, Motissage 1, 2,3. Après ces trois éditons, nous ferons le point sur tout ce que nous avons eu à organiser. Nous allons aussi voir si les autres éditions se feront chaque année ou tous les deux ans. Bref c’est après ces trois années que nous pourrons déterminer la suite. Je remercie  mon équipe car elle a été dynamique, compétente, et disponible. C’est grâce  à la motivation  de chacun de nous que nous avons pu passer de l’idée à l’action, de passer du rêve à la réalisation. Merci  également à l’IFC, l’atelier Sahm et les ateliers Syl’oblique pour leur accompagnement.

 

 

Propos recueillis par Berna Marty
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