Quand les paysans éthiopiens enseignent aux professeurs italiens !

Mardi, Juillet 18, 2017 - 16:00

L’école supérieure Sainte Anne de Pise s’est mise à la double école de l’humilité et du savoir pour découvrir auprès des paysans les plantes les plus résistantes.

Ce n’est pas parce qu’il ne met pas la blouse blanche de l’enseignant que le paysan ne peut pas être professeur ! Sans craie ni tableau noir, les paysans des hauts-plateaux éthiopiens se sont mis à enseigner. Et dans le rôle de l’étudiant, de grands chercheurs de l’Institut des sciences de la Vie à l’Ecole supérieure Sainte Anne de Pise, au centre-nord de l’Italie. L’objet du cours : l’étude du DNA des plantes agricoles qui résistent le mieux à la sécheresse ou aux changements climatiques en général.

Les répertorier en Ethiopie, les étudier ensuite en laboratoire à Pise et dégager les caractéristiques biologistes qui peuvent aider d’autres plantes à développer leur résistance naturelle aux rigueurs des climats. La recherche, qui a concerné 60 paysans-professeurs éthiopiens, a été soutenue par l’Organisation internationale de la Biodiversité. Et les résultats, tirés du savoir empirique antique et de la sagesse paysanne éthiopienne, ont été publiés dans la revue scientifique Frontiers in Plant Science.

Mais le résultat le plus concret révélé par le journal, c’est le développement d’une nouvelle méthode de codification des connaissances des agriculteurs pour identifier les facteurs génétiques de leur résistance. Les paysans éthiopiens ont expliqué pourquoi ils plantaient telle ou telle autre variété de granulés ou de plantes fruitières. Un vaste éventail : 400 variétés de grain ont donné lieu à 190.000 données scientifiques. Celles-ci ont été croisées avec… 30 millions d’autres molécules séquences de variétés de grain !

« Cette étude est la première à démontrer que la connaissance traditionnelle du paysan, développée et conservée le long des siècles, peut être un instrument au service des techniques les plus modernes pour l’amélioration des cultures », a estimé le coordinateur italien de la recherche, Matteo Dell’Acqua, généticien à Sainte Anne. On l’aurait dit sans lui : « les communautés paysannes des hauts-plateaux éthiopiens peuvent donc dispenser leur sagesse et aider à produire des plantes qui répondent à l’agriculture de subsistance et contribuer ainsi à la sécurité alimentaire au sud de la planète ».

Lucien Mpama
Notification: 
Non