Ils reviendront le lendemain, assis à même le sol, ou debout, ils reprendront leurs tambours et tout ce qui va avec, continueront de taper dans la casserole, en silence ou criant leurs peines sans violence. Parce que la parole qui porte n’est pas nécessairement accompagnée de brutalités. L’essentiel dans ces circonstances étant de ne pas perdre la raison, de garder espoir.
Depuis plusieurs semaines, à quelques endroits de la ville de Brazzaville, capitale du Congo, sont organisés des concerts de casserole par des agents entrés en contentieux avec l’Etat et certaines de ses entités. Hommes et femmes d’un certain âge, mais aussi des jeunes alimentent ces foyers de revendications, globalement pour « service rendu ».
Devant l’immeuble abritant le ministère de la Fonction publique, en face du siège de l’hôtel de ville et au pied du principal bâtiment de la société Energie électrique du Congo (E2C), anciennement Société nationale d’électricité, du son parvient aux oreilles des passants. Quand on jette un œil dans le pourtour, des banderoles sont déployées avec des messages afférents au rassemblement.
Les uns et les autres réclament ou leur intégration dans la fonction publique, ou le payement des droits qui leur sont dus puisqu’ils ont fait valoir leurs droits à la retraite, d’autres d’être recrutés comme agents permanents dans la société après des mois, voire des années passées avec un statut précaire de travail temporaire ou contractuel.
Tout un chacun peut l’observer, le droit de manifester est donc garanti et l’on peut croire que les pouvoirs publics auprès de qui les personnes concernées adressent leurs doléances les écoutent et mettront tout en œuvre pour leur apporter le réconfort nécessaire.
En parlant de fin de l’heure, nous faisons allusion au calme dont font preuve les manifestants. Ils arrivent le matin pour animer la scène. En début d’après-midi, on les voit se disperser en silence, à pied, rentrant chez eux. Parce qu’ils sont certains que l’Etat ne les abandonnera pas.