Vérone Mankou, PDG de VMK, surnommé le "Steve Jobs congolais", est venu en France prêcher la bonne parole du développement des TIC en Afrique. Il a répondu aux questions des Dépêches de Brazzaville, à l’issue de la conférence « Le Numérique, les NTIC et le Développement en Afrique », co-organisée le mercredi 11 février à l’UNESCO par l’Union Internationale des Associations et Organismes scientifiques et techniques, l’Union internationale des ingénieurs et des scientifiques utilisant la langue française et l’international council for education, Science and technology.
Où en est le projet d’installation de l’usine de production VMK à Brazzaville ?
Vérone Mankou : L’usine est quasi-achevée. Il reste à réaliser les finitions avant de démarrer la production fin avril. L’usine devrait employer cent personnes pour fabriquer les deux derniers produits VMK mais également ceux d’autres industriels. Une entreprise basée en Asie viendra monter et assembler sa production africaine au Congo. Nous sommes également en pourparlers avec d’autres fabricants. Cette usine est une première dans la sous-région !
Pour pouvoir faire face, une première partie des équipes a suivi une formation. Les autres vont suivre afin d’être fin prêts pour avril.
Quel message êtes-vous venu faire passer à cette conférence « Numérique, NTIC et développement en Afrique » à l’Unesco ?
Je suis venu parler de l’expérience de VMK qui a fêté ses cinq ans l’an dernier. En substance, je suis venu dire qu’au-delà des téléphones à prix accessibles et de bonne qualité (les contenants), il fallait également développer du contenu africain. Après avoir démontré notre force dans les produits, VMK va maintenant créer du contenu et pousser d’autres également à en développer. C’est pour cette raison que nous avons beaucoup investi dans la fondation Bantu Hub et l’initiative Tech 25 avec l’ambition de faire du Congo une terre de technologie au cours des 10 prochaines années. Cela représente beaucoup de combats, mais c’est beaucoup de passion aussi !
On vous a vu à HEC Paris, au Forum Franco-Africain pour une croissance partagée, à l’UNESCO. Comment votre message est-il perçu en France ?
Ce que je suis venu dire à Paris, est « nous existons, venez-voir ce que nous faisons ! ». À HEC le message est bien passé car ils connaissent l’Afrique, cela a été moins vrai au Forum Franco-Africain pour une croissance partagée, où les gens qui connaissent l’Afrique se mêlaient à ceux qui disent la connaître. Les gens ont compris que l’on peut venir d’Afrique et avoir de vraies réalisations, devenir un groupe panafricain. L’idée est de ne pas se limiter aux frontières du Congo mais de s’implanter partout en Afrique et de devenir numéro un sur le continent. Quel que soit le temps nécessaire, je pense que nous pouvons arriver à cet objectif.
La formation des jeunes est-elle adaptée pour faire du Congo une terre de technologies d’ici à 2025 ?
On pourrait dire que nous sommes déjà en retard. Notre système éducatif n’a pas subi de mise à jour depuis une bonne dizaine d’années. Le numérique a fait apparaitre de nouveaux métiers pour lesquels les jeunes congolais ne sont pas formés. C’est un long processus que nous devrions amorcer dès maintenant. Les entreprises comme les nôtres, ne peuvent pas attendre que le système se mette en place. Aussi, nous avons pris les devants et nous formons en interne les talents dont nous avons besoin : nous repérons les jeunes, nous les encadrons, nous les accompagnons pour qu’ils puissent être opérationnels dans l’entreprise. Ce système a le double avantage d’être plus rapide et plus économique que le recours à des expatriés. Plutôt que de faire venir au Congo de la main d’œuvre étrangère, nous préférons former les jeunes congolais pour répondre aux besoins de l’entreprise d’aujourd’hui et de demain.
2015 est l’année de l’entreprenariat au Congo, c’est un combat dans lequel vous êtes engagé au travers de BantuHub, comment avez-vous réagi à cette annonce ?
Je salue cette décision que j’ai applaudie car elle va permettre de mobiliser plus d’énergie sur la question de l’entreprise et d’encourager l’initiative privée. Nous espérons voir dans les mois qui viennent, des actions, des lois, des initiatives qui vont favoriser l’amélioration du climat des affaires.