Nigéria : Quand politique rime avec réseaux sociaux

Vendredi, Février 27, 2015 - 11:00

La bataille pour la présidentielle et législatives au Nigéria se fait désormais aussi sur les réseaux sociaux. Selon l’AFP, les partis politiques nigérians investissent en masse Internet et les réseaux sociaux pour mener la campagne Objectif : séduire les électeurs, en mobilisant acteurs, musiciens et footballeurs célèbres.

 À l’approche du 28 mars, date où l’ensemble des partis en lice s’affronteront, les deux principaux partis que sont le Congrès progressiste de l’opposition et le  Parti démocratique populaire au pouvoir « utilisent toutes les tribunes existantes pour atteindre les électeurs », explique Muyiwa Akintunde, de Leap Communications, société de relations publiques basée à Lagos à l’AFP.

Avec 42% chacun, selon un sondage réalisé le 27 janvier, les deux partis rivaux ont toujours recours aux supports traditionnels comme la radio, la télévision, les journaux et les affiches. Désormais, dans un pays qui voit exploser l'usage des téléphones mobiles et des smartphones, ils se sont aussi tournés massivement vers les réseaux sociaux.

Dans cette folle course, chaque parti a réussi à mobiliser les célébrités rapporte l’Agence. Dans la cité pétrolière de Port Harcourt, dans le sud du Nigeria, l'ancien capitaine de l'équipe nationale de football, Joseph Yobo, est à l'oeuvre pour soutenir le président sortant Goodluck Jonathan. Et le candidat champion de l'APC, l'ancien dictateur militaire Muhammadu Buhari, est soutenu par le populaire musicien traditionnel Wasiu Ayinde Marshall.

Cette révolution numérique passe par des chants et des jingles vantant les vertus et qualités des candidats sur les des radios et télévisions. L’AFP note qu’à Lagos même, le candidat de l'APC au poste de gouverneur, Akinwunmi Ambode, combat son rival du PDP Jimi Agbaje autant sur les ondes que dans les meetings. Pour Omolara Olaosebikan, de la société de relations publiques Quadrant Communications, les nouvelles technologies changent l'aspect des slogans politiques au Nigeria.

" Au Nigeria, environ 40 millions de personnes sont sur les réseaux sociaux"

« C'est une révolution numérique qui se joue. Il n'y a pas de doute, l'élection de cette année restera dans l'histoire comme la plus disputée et aucun des partis n'entend être battu à ce jeu », constate-elle. Pour la première fois, selon elle, les hommes politiques, notamment ceux qui sont au pouvoir, ont réalisé qu'ils ne peuvent plus tenir pour acquis leur électorat habituel.

La préférence pour internet et les réseaux sociaux est aussi déterminée par le choix de la rapidité et le coût financier, note Mme Olaosebikan : sur internet, « tout ce que vous avez à faire est d'appuyer sur un bouton », alors que « pour quelques secondes de communication sur la NTA (télévision publique) il vous en coûte 1,5 million de naira (6.500 euros), rien à voir avec les réseaux sociaux ». Selon la BBC, des hommes politiques ont même recruté des jeunes sans emploi, qu'ils auraient auparavant employés comme nervis pour intimider physiquement des électeurs, comme « guerriers d'internet ». Et les Nigérians, qui raffolent des discussions bruyantes et animées sur l'actualité, font sans surprise preuve d'un grand enthousiasme pour Facebook et Twitter.

Armés d'ordinateurs portables et de smartphones, ces « guerriers » bombardent les articles en ligne de commentaires favorables à leurs parrains politiques et critiques envers leurs opposants.  Si « Au Nigeria, environ 40 millions de personnes sont sur les réseaux sociaux", selon Omolara Olaosebikan. "Cela représente une vaste population qui peut être d'une grande valeur électorale pour les politiciens », en revanche 178 millions d'habitants restes illettrés. Les partis politiques ne doivent pas négliger la communication orale et visuelle pour transmettre efficacement leurs messages.

 

Dona Elikia (Avec AFP)
Légendes et crédits photo : 
Un panneau électoral pour le président sortant Gookluck Jonathan, candidat de Parti démocratique populaire (PDP), endommagé le 24 février 2015 à Lagos; (©Photo:AFP)