Une semaine après l’appel à l’unité de l’Opposition lancé par le Parti social-démocrate congolais (PSDC), le Rassemblement pour la démocratie et le développement (RDD) a emboité le pas le 12 avril en projetant la création d’une plateforme politique sous l’appellation « les Forces nouvelles du changement ». On pourrait abréger FNC ou FNDC. Le prêche « oppositionnel » dont nous faisions allusion dans notre éditorial du lundi 14 avril a-t-il trouvé du répondant ?
En termes de dénomination de partis politiques congolais sont à quelque chose près en passe d’épuiser tous les registres. Sous le label « forces de changement » ou « forces nouvelles », un petit aperçu de l’histoire récente du pays montre que l’on a eu recours à ces formules par le passé. En particulier pendant la Conférence nationale souveraine (CNS) en 1991 puis quelques années après la guerre du 5 juin 1997.
Au cours de la CNS, les Forces de changement et de progrès (FCP) formaient le courant le plus radical de la grand’messe. Constituées autour des associations qui revendiquaient la paternité de la Conférence, elles se heurtèrent ensuite à la nature mouvante du microcosme politique congolais et s’enfoncèrent dans les contradictions avant de disparaître sans laisser de traces. C’était après que le MCDDI (Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral), tête de pont de l’alliance, mais réconforté par ses bons résultats aux élections locales de mars 1992, ait décidé de faire cavalier seul.
Au sortir du 5 juin, quelques formations politiques proches de la majorité présidentielle actuelle fusionnèrent dans ce qu’elles appelèrent les Forces démocratiques nouvelles (FDN). Confrontées à la réalité du terrain, elles ne purent là aussi devenir un socle assez puissant susceptible de peser sur l’avenir de la « maison commune » à laquelle elles appartenaient. Il en va de la vie des alliances au sein de la classe politique congolaise : elles vivent le temps d’une rose et se disloquent sans une rente quantifiable.
Ceci dit, d’après le RDD, initiateur de la future plateforme, les Forces nouvelles du changement entendent pérenniser les acquis de la CNS. Au premier rang desquels le pari d’accéder au pouvoir par les mécanismes du vote. Il insiste pour cela sur la fiabilité du processus électoral. Le 12 avril, à la table d’honneur de la conférence de presse les dirigeants du RDD, du PSDC, de la Chaîne, et de la CODEMA (Congrès des démocrates africains) étaient assis côte-à-côte. L’avenir dira s’ils planteront pour longtemps l’arbre de leur unité d’action et s’ils les auront suffisamment suspendues pour prétendre tenir tête, démocratiquement parlant, au rouleau compresseur de la Majorité.